[RP] Le serrurier de Péronne

Très connu dans le milieu, du Nicolas au Ludwig en passant par la Jade, y avait moyen qu'il se soit tapé quelques têtes couronnées. La sienne débarquait dans ce nouveau bled et Comté inconnu. Mais le serrurier lui, il l'était hé. Fallait juste trouver la boutique et pas se gourer de personne. On l'avait décrit comme très grand, barbu -youhou-, la peau aussi sombre que ses yeux étaient clairs et les mains abîmées mais agiles. Décrire un type à ses mains, bien un truc de pecnot ça. V'la donc la Comtesse à l’affût des barbus aux mains abîmées. Elle flâne dans les ruelles, de la somme au sommet du village, fourrant son nez dans l'entrée de chaque artisan qui pouvait, de près ou de loin, ressembler à un artisan serrurier. Mais on en sait quoi quand, d'habitude, on commande et puis les laquais vous l'apporte? J'vous le mets dans le mille : pas grand chose. Ses conversations oscillent donc entre le "Bonjour monsieur, vous êtes le si réputé serrurier de Péronne?" pour commencer, jusqu'au désespéré "c'vous l'errurier?" après quarante non, grognements, lorgnements pervers. Y avait même un type qui avait tenté de lui vendre des aphrodisiaques venus d'autres mondes qui pourraient bien "satisfaire m'sieur votre époux à défaut d'avoir des courbes à caresser". On voyait bien qu'on se rapprochait de la Flandres, voilà qu'on voulait déjà lui faire bouffer n'importe quoi. Désespérée, elle envisageait -déjà- de laisser tomber, craignant d'emblée d'assumer les conséquences de cette virée ~~Péronnai...~~ gros-bouseutoise. Sarcasmes déjà dans l'oreille, tronche de réjouit à pouvoir se ficher de sa tête et reprocher Tastevin à grands coups de remarques cinglantes, elle tente une dernière boutique sans grande conviction.

C'vous le serrurier de Péronne?
En effet, salvé, Madame.
Salvé? Merde vous êtes l'un d'eux?
Pardon? De qui donc?
Les hérétiques là !
Oh, oh? Non, y a pas mal d'étrangers ici, les italiens du nord se saluent de la sorte.
J'ai une tronche d'italienne?
Bon, vous cherchez LE serrurier? C'est moi, elle veut quoi la p'tite Dame?
Mmmh, y a peut-être plusieurs serruriers, on m'a dit qu'il était barbu...
J'ai rasé...
quelle idée...Grand...
Les gens ici sont relativement petits...
Les mains abimées...
Constatez par vous même.
...
D'accord, d'accord, je veux faire fabriquer un truc.
Montrez voir.

Rapidement, elle farfouille dans son sac et en sort un petit écrin, tout juste assez grand pour un joyau/truc/machin d'une dizaine de centimètres et le pose sur le comptoir, légère grimace en voyant les doigts sales du serrurier se poser sur l'écrin finement ouvragé d'ébène et d'or. Il l'ouvre pour prendre le truc en main et, une grosse loupe dans l'autre, observe l'ouvrage d'un coup d’œil qu'elle espérait expert.

Vous voulez une seule copie?
Oui. Combien?
Mille.
WOUAAH QUOI?
C'est de l'or ma p'tite Dame.
Cinq-cent !
Sept.
Cinq et je vous recommande. J'suis connue dans le milieu couronné.
Mmmmrrrffff.. Soit, inscrivez-vous dans le registre, ça sera prêt dans ...aller... trois jours..
...
Non, mais non, impossible que je reste trois jours ici. Impossible. Non.
C'est que.. je suis LE serrurier, j'ai pas mal de trucs en attente.
Non mais non, vraiment non. Il me le faut pour ce-soir ! Ce.soir. vous comprenez?
Bon, bon, pas la peine de tirer cette tronche. Revenez dans quatre heures, je vais voir ce que je peux faire.
Je compte sur vous. A tout à l'heure, serrurier.

Non loin de la Somme, mais en même temps non loin de l'Eglise afin d'être au courant de l'heure qui passe et des quatre heures qu'elle respectera à-la-lettre, elle se planque un peu, la blonde. C'est qu'elle n'oserait se permettre de débarquer les mains vides tandis qu'elle a fait miroiter une partie de la soirée/nuit/on sait plus trop, à des trucs et des machins super top cools qui en claquent un max. Coup de pression évident et qu'elle se fiche à elle seule car, en fait, son truc était minuscule et quasi insipide si on regardait bien. Elle déglutit. Après tout, la moindre de ses paroles, le moindre de ses gestes semblait sujet à interprétation, et là, pour le coup, l'histoire du serrurier risquait bien de lui retomber dessus avec une vague digne d'un Tsunami dans sa petite vie. Soit ça passe, soit ça casse. Après sexte, boudant toujours la messe autant que les effluves d’encens qui s'en dégageaient, ses pas la mènent à nouveau jusqu'à l'artisan serrurier qui s'afficha d'un sourire réjoui tandis qu'elle passait le pas de la porte pour rejoindre la drôle d'odeur de métal qui y flottait.

Salvé.
Oui oui, c'est ça salut.
J'ai terminé à l'instant.
Vous gérez vous gérez vous gérez ! Montrez-voir-ça !
...
Non mais, c'est pas la même hé !
Pardon? Bien sûr que si ! Tenez, regardez quand on les compare.
Non non non et les fioritures là?
Quatre heures ma p'tite Dame, vous vous fichez de moi?
Je VEUX les fioritures.
Ce sera pour demain.
Ce soir !
Demain.
*Chlinkchlinkchlink* -bruit d'une grosse bourse pour ceux qu'ont pas compris-
Z'avez qu'à aller visiter Tastevin en attendant.
Bordel vous avez quoi tous avec Tastevin.
Baah, la bière, le calme, la prière. Ça vous ferait pas de mal ! Vous semblez fatiguée, énervée, affam...
C'est bon... Vous me fatiguez avec vos Tastevin. Ce soir et je paye double.
Oh? Mais je vous fais ça dans l'heure ma p'tite Dame.
Saleté d'arnaqueur. Foutez-moi tout un tas de fioriture et des belles !

Elle tourne les talons, vénère. Encore une histoire qu'elle devrait jamais lui raconter, au risque de au choix, s'en prendre une pour sa stupidité ou se prendre des moqueries en veux-tu en voilà. Mais hé, tout le monde ne naît pas négociant, arnaqueur ou doué en marketing. Pas elle, en tout cas. Elle est juste née super riche, ça compense un petit peu. Une heure. Cher payé pour une babiole qui finira, peut-être, sur le marché du prochain bled visité. Pessimiste? Un chouia !