[RP] Parasite en liberté rime avec problème à perpétuité.

J'étais venue en Lorraine parce que je voulais voir ma maman que je n'avais pas vu depuis des mois. A ma grande surprise, on m'apprit qu'elle était partie en retraite. Sans rien dire à personne. Quelle ne fut pas ma déception à cette annonce. Je crus même pleurer toutes les larmes qui me piquaient les yeux tant la tristesse était grande quand soudain, ma marraine - vous la connaissez, c'est obligé, c'est Héloise - se mit en tête d’agir comme une mère. J’aurais trouvé l’approche généreuse si je n’avais pas été témoin de son rôle de mère avec Isolde. L’idée me refroidit pire qu’un hiver glacial. Pire pire pire. L’idée de m’enfuir le plus tôt possible me traversa l’esprit sauf que j’étais tombée la tête en avant dans le pire piège qui puisse exister: être agrippée par les griffes lacérées spartiennes.

Enfermée dans la plus haute salle de la plus haute tour - à savoir une chambre attitrée dans la petite demeure d'Héloise mais ce n'était pas super foufou non plus - j'essayais de hurler ce désespoir qui m'emprisonnait la poitrine et violentait mon esprit à celui ou à celle qui voudrait bien l'entendre.

Les larmes s'installent doucement dans la nuit, Tristesse est reine à son tour.
Marraine et son petit Brutus m'enferment là pour toujours.
Le vent qui hurle en moi me dit "Enfuis-toi demain".
Il est bien trop fort, j'lutt'rai plus en vain.
Ravale tes larmes, arrête de geindre ! Fais attention le fouet tu tâteras !
Arrête de t'plaindre, de piétiner. Et de hurler.

Enfermééééééé, confinéééééééé. Je ne sortirai plus jamaaaaaaaais.
Aidez-moiiiii, je suis làààààà. SAUVEZ-MOI C'EST DES MALAAAAAADES !
J'ai laissééééééé la tarée m'enfermer. Perdue loin d'ma mère.
J'ai foi en moi et j'vais m'tirer de....HhhoooooAAaah mais qu'est-ce que vous faites là?!

Pendant ma merveilleuse tirade je n'avais pas entendu qu'une domestique était entrée sans frapper, qu'elle avait préparé de quoi me faire prendre un bain et qu'elle attendait les bras croisés que j'eusse fini d'exprimer l'injustice que je vivais. Surprise, mes longs cheveux roux en bataille, en chemise, je regardais la domestique dépitée qui m'invita avec lassitude à rejoindre le baquet très chaud qui m'attendait. Pestant, je me retrouvais nue comme un ver de terre dans un bain manifestement quémandé pour me débarrasser de la souillure du voyage. Pendant qu'on m'aidait à me laver, je finis par demander - parce qu'il faudra bien un jour qu'on me dise ce que j'allais devenir!

Vous pensez que marraine va m'enfermer longtemps dans ma chambre?
Qu'est-ce que vous chantez là? Vous n'êtes pas enfermée..
AH BON? C'EST VRAI?!!
Vous êtes surveillée, pas emprisonnée contrairement à ce que vous clam..
POUR MOI LA VIE VA COMMENCEEEERRRRR !
Qu'Aristote ait pitié de nous. Ca va être long..

Ne vous a-t-on jamais raconté les dégâts provoqués par un parasite en liberté?

Cékoi ça encore ?
La jeune Courden, votre Grandeur.
Oh bordel, elle ne peut pas la fermer nan ?
Je vais aller voir ce qu'elle fait, si vous voulez.
Oui, bonne idée, bâillonnez là s'il le faut !

Comme un matin habituel, Héloise est occupée à sa routine. La prière avant toute chose. Elle s'était enfermée dans un silence de mort pendant une semaine afin de combler les vides de son corps et de son cœur. La prière était un baume étrangement rassurant, dans lequel elle se noyait plusieurs heures de la journée. Le matin, c'était la plus importante. Celle qui ferait que sa journée pouvait se dérouler sans larmes ou pleurs. Sans crises de nerfs ou perte de contrôle. Sans désespoir et en taisant les douleurs de son corps. Elle souffrait encore terriblement de cet accouchement dramaSparte. Mais : le temps guérit tout, qu'il parait. Alors, elle s'agenouille, mains jointes en murmurant des machins sans queue ni tête du genre, sauvez moi, sauvez le, ramenez le moi, non, le ramenez pas, en fait, si, juste un jour ? Ou peut-être deux ? En fait non. Puis ne me sauvez pas. Sauvez mes amis. Mais moi aussi en fait, vous seriez plaisant, mais avant le départ, et arrêtez avec les mauvaises nouvelles. Ah et j'ai un peu mal au dos, si vous pouviez faire quelque chose ? Merci Amen.

Bon, avec les cris de la mini Courden, elle avait aussi souhaité la mort, la souffrance par arrachage de corde-vocales et d'autres douceurs... Après, elle est aidée pour démêler -doux euphémisme- ses cheveux super longs. Insulte plaisamment sa chambrière, domestique et servante. Peste sur les touffes arrachées, puis s'enveloppe dans des robes de plus en plus amples, à croire que le tissu se reproduisait pendant la nuit. Dédaigne le p'tit dej, le dej et tout le reste. Et s'enveloppe dans une pelisse pour se diriger vers ses endroits de prédilections : c'est-à-dire Rose, marché, l'arrière bois des pervers, marché, Rose, Chambre des secrets, Knorr keur keur keur. Seuls les initiés Vaudémontois pigeront. Alors qu'elle passe le pas de sa porte, une lueur orangée-rousse s'affiche aux coins de ses yeux. Elle sourit légèrement en imaginant un James kiboudeplu venir la visiter, puis déchante rapidement en reconnaissant la flamboyante chevelure de Maryanne qui, foutreciel, mordiable, bordel d'étron... TENTE DE SE FAIRE LA MALLE ! Avec ... Non mais pincez moi je rêve... Un des poneys d'Alexis ! Marmonnant entre ses lèvres pincées, la Sparte, en bonne comédienne aguerrie, se dirige vers le poney qui est tiré par la jeune fille par la bride et la lui arrache des mains.

Maryanne, quelle belle surprise.
Sourire de circonstance.
Tu comptais partir te balader ?
Nouveau sourire alors qu'elle lève la main dans un geste ordonnant qu'on range le poney.
Après, j'ai deux trois leçons à te faire écouter.
Petit mensonge mais hé, en bonne Sparte elle a plusieurs tours dans sa manche.
Tu viens ? je vais te parler des Sparte, vu que t'en es une à moitié, tu dois connaître les histoires&légendes de famille.

Prenant la main de l'adolescente pour ne pas lui laisser d'autres opportunités de fuites, elle change ses plans vadrouille pour le plan : bourrage de crâne. Inventer des histoires étant sa spécialité, elle pouvait tenir la journée en accrochant la rouquine à des trucs soporifiques à crever. Un claquement de doigts accompagné d'un regard sombre aux deux poivrots qu'elle avait engagé pour surveiller l'adolescente. Elle leur réglerait leurs comptes plus tard. C'était moins une pour qu'elle n'arrive à s'enfuir. Et elle le savait : en bonne fugueuse experte dans le domaine, si Maryanne voulait se tirer, elle pouvait y arriver. Mais c'était sans compter sur Héloise, qui connaissait toutes les combines de fuite possible, au grand dam d'Élisabeth qui dut subir ses fuites maintes et maintes fois. La tirant par la main, elle abandonne sa pelisse aux mains des domestiques et pousse sans crier gare Maryanne jusqu'à un pupitre de leçon. Oui, elle a ça chez elle.

Allez, sivouplait, dites-moi comment sortir de cette maison discrétos ni vu ni connu j’t’embrouille la rétine?
La quoi?
Vous m’avez comprise. Allez sivouplait. Vous avez promis de m’aider!
J’ai promis à la condition que vous arrêtiez de pleurnicher.
Mais! JE PLEURNICHE PAS LÀ !
Vous recommencez. Encore.
SIVOUPLAIIIIIT. M’abandonnez pas à mon si triiiiiiiste sort de pauvre petite fille fragile et malheureuse que je suis. Allez. Dites-moi.
Oh! Vous entendez?
De quoi?
On m’appelle. À plus tard, soyez sage.
Mais .... attend..
Vous aurez un bonbon à mon retour. Restez tranquille!
...
Humphf. Sale menteuse de mégère.

Je m’étais encore retrouvée seule dans ma chambre. Encore abandonnée à mon sort. J’avais franchi le territoire ennemi en ne sachant pas que maman ne serait pas là pour m’aider. Pour affronter le gratin vaudémontois sans y être préparer. Je ne pouvais continuer de chanter ma chanson puisque le Brutus de marraine était venu me demander de me taire sous peine de me retrouver avec des cordes vocales en moins. N’ayant pas encore saisi l’atrocité de l’idée, je m’étais imaginée des bouts de ficelles avec des clochettes au bout. Je ne voyais pas tellement le lien avec ma propre voix mais las, je pus dire que la jeunesse ne m’avait pas encore offert les neurones nécessaires pour mieux réfléchir et mieux comprendre.

Haussement des épaules.

Je tournais en rond dans ma chambre, regardais les fissures de la maison dont je pus en compter déjà cinq. Marraine n’entretenait pas bien sa maison et il fallait que je pense à le lui en faire la réflexion. En parlant du loup, je me mis en quête de m’approcher de la fenêtre pour guetter les aller-venus de la maison. Installée telle Raiponce, j’observais chaque détail de ce qui se passait à l’extérieur quand j’aperçus la silhouette de marraine partir de la maison. J’attendis longtemps avant de confirmer mon soupçon: elle ne reviendrait pas si vite.

Abandonnant mon poste de guet, je sortais de ma chambre et je fis comme si je visitais la maison. Pour la x-ième fois. Je jetais des sourires innocents aux domestiques qui m’aperçurent, dupais à quelques reprises Brutus notamment en me cachant. Enfin, le graal s’offrait à moi. La liberté. J’étais sortie de la maison et je me rapprochais des écuries deluxe où se trouvaient les béhem de marraine. Puisque j’avais déjà goûté à la fuite à dos de poney, je pris le premier qui se présentait à moi. Je m’attelais à lui mettre les rênes, je sortais des écuries lorsque marraine me tomba dessus. Encore.

Maryanne, quelle belle surprise.
Bouche en cul de poule, mon cerveau réfléchit à toute vitesse pour trouver une excuse vraiment cohérente. J’étais prise sur le fait et je n’allais pas m’en sortir aussi facilement.
Tu comptais partir de balader ?
J’affichais un grand sourire car une idée venait de m’apparaître telle l’apparition de la mère de Dieu.
Je comptais chercher du pain. Puis quelques petites douceurs pour te faire plaisir mais tu m’as prise sur le fait. C’est plus une surprise maintenant!
On m’arracha les rênes du poney. Bhéwui, je n’avais pas regardé à qui appartenait le poney pour m’échapper. Je levais les yeux au ciel lorsque marraine me parla des leçons. Maman m’avait déjà fait subir la torture intellectuelle avec les leçons que j’eusse reçu pendant plusieurs années. Et j’allais réitérer l’épreuve. Encore. Soudain, mon attention fut vraiment portée sur les paroles suivantes : les histoires et légendes de la famille Sparte. N’est pas Sparte qui veut après tout. Et comme maman ne voulait pas m’en parler, ça tombait très bien. Je m’exclamais alors que marraine me tirait par la main pour entrer à la maison.
Haaa c’est pas trop tôt. Peut-être que tu vas me parler de papa hein ? T’as promis de me parler de papa. Et comme tu tiens tes promesses, tu vas me raconter TOUT ce que tu sais sur papa. Et des Sparte. Hein marraine? T’as pas oublié? Non hein t’as pas oublié.

Avant les ragots familiaux, marraine avait bien en tête de me faire faire des leçons. Quel ennui! Postée devant un pupitre qui était un peu grand pour moi je ne payais pas de mine avec ma petite taille devant cet objet de torture mentale.

Puisque je dois révisationner je vais commencer par les mathématiques. J’aime bien les mathématiques mais maman, elle les aime pas. Je trouve que c’est plus facile de résolutionner et calculationner des addisoustracdivisions que de conjugationner des formulations trop compliquationnantes pour moi.

2 et 2, 4. 4 et 4, 8. 8 et 8, 16. 16 et 16, 32. 32 et 32, 64. 64 et 64, 128. Tavucébien?

Je sais je sais. J'ai pas fini. Un peu d'italien - car je sais que t'aimes bien l'italien et que tu parles ça sur le bout de tes petits doigts squelettiquement boudinés-: allora moi pas parlare italianus ma avoir molto sens de l’humorus comééé la darona. C’est bien marraine dis ??

J'ai fini mes leçons. Tu me racontes les histoires et légendes des Spartinacus?

J'affichais un grand sourire à mes lèvres car si je savais que je faisais rire maman avec mes bêtises, je ne savais pas comment allait réagir marraine avec ce numéro. Je n'avais aucune envie de faire des leçons. Je voulais qu'on me raconte l'histoire de la famille de mon papa. De marraine. Par conséquent de notre famille.

Heloise_marie a écrit:: Béh c'est ça, du pain et des douceurs. Puis de la cire chaude pour les mollets et un masque au charbon pour ses rides tant qu'on y est ? Allons. Héloise n'est pas dupe. Elle ne lâche pas la main de l'adolescente jusqu'à ce qu'elle soit en place, prête pour les leçons du jour. Puis vint le monologue adolescent. Elle semble quand même emballée par l'idée de causer Sparte, la pauvre : elle ne sait pas ce qui l'attend. Son père est bien le dernier des Sparte dont elle va parler, vu qu'il fut banni de ses terres et de sa vie après l'affront fait à Elisabeth. Mais soit, c'était là une belle manière de coincer l'enfant dans des babillages sans fin dont elle seule avait le secret. Mais avant qu'elle ne puisse y accéder, voilà que les mathématiques et l'italien se ramènent à grands pas. Elle tente de retenir l'éclat de rire quand la gamine cause ce qu'elle pense être de l'Italien et s'installe posément sur un de ses fauteuils capitonnés, en face de Maryanne.

Prends des notes, s'il te plait.

Oué, l'aspect prof étou, elle a toujours kiffé. Elle se voit bien à gérer une série de mioch.... Heum, non en fait, y aurait trop de morts.

Nous remontons bien cinquante ans en arrière ! Fais donc le calcul tandis que je t'explique. Voici qu'une famille prend le devant de la scène politique en Franche-Comté. Je ne vais pas remonter à la création des Sparte, car je n'ai pas tous mes ouvrages et mes dates hein. Mais pour ta première leçon de latin, voici la dictée :

Malo mori quam foedari... Ma-lo-moooo-ri, qoouuaaam, et ne me mets pas de "ou", foe-da-riii".

Elle marque bien tous les sons et les machins, puis lève un oeil vers les écrits de la gamine.

Heumf, quelle écriture cochonne tu as, je vais aller quérir un calligraphe afin qu'il perfectionne la courbure de tes lettres ! Allons, allons, point de rature, Maryanne, pardi. Bien, traduis cette devise familiale et dis-moi ce que tu en penses, en tant que Sparte, tu dois avoir un avis éclairé et éclairant sur la devise familiale ainsi que saisir tout ce qu'elle représente pour ton avenir et celui de tes enfants.

Hochement léger de la tête, tandis qu'Héloise s'installe de nouveau dans le fond de son siège pour écouter les conneries que Maryanne va sûrement lui pondre.

Je m’exécutais. Marraine me demandait de prendre des notes et je m’y appliquais. Une petite déception tira un peu les traits de mon visage car je me préoccupais peu de la place politique qu’avait eu ma famille paternelle. Je voulais connaître les secrets, même les plus fous de ceux qui étaient mes aïeux. Je haussais les épaules, je finirais bien à parvenir à mes fins. Maman m’avait toujours dit que le temps était l’ami de tous même de la patience, car Patience est mère de Vertu. Blablabla. Je ne connaissais ni l’une ni l’autre. J’en avais d’ailleurs fait la réflexion à maman qui m’avait répondu que c’était une image. Qu’il fallait voir ça comme des allégories. Ne voyant pas ce que pouvait être une allégorique -et ça ne m’intéressait pas pour l’instant- je n’avais pas posé plus de question. Peut-être aurais-je dû mieux écouter mon éducateur au moment des leçons car marraine me sortit des mots que je ne comprenais pas et qui me provoquaient d’autres maux. Si j’avais été un peu plus investie dans mes travaux, j’aurais pu comprendre qu’il s’agissait d’une devise latine. Or, je ne comprenais rien du tout. De mon mieux, j’essayais d’écrire de manière négligée -ça explique la réflexion de marraine sur la calligraphie- ce qu’il m’était demandé. Pendant que j’écrivais, le bout de ma langue était sorti, me poussant à la plus extrême attention et concentration.

Mal au.. Malo ... mort y.. feu Dary...
Je me laissais entraîner par un petit instant de réflexion. Il fallait que je pose des questions car je me perdais bien trop facilement.
Mais marraine. J’y comprends plus rien moi! Qui c’est qui est mort à la fin ? C’est Malo ou Dary? Ou les deux? Puis d’abord, ça va pas de mettre en devise des gens morts? Ils sont pas nets les Sparte !

Dédaignant ma plume que j’avais posé sur le morceau de parchemin qui m’était attribué pour la dictée, je ne prêtais pas attention à l’encre qui gouttait sur la peau de feue la bête morte. Je roulais des yeux. Je devais mettre les choses au clair avec marraine pour que plus jamais je ne puisse entendre parler des enfants -que je ne voulais pas.

Je sais pas ce qu’il faut que je traduise mais j’aurais pas d’enfant. Pas besoin de réfléchir à l’avenir des choses que j’aurais pas.
Pour mon avenir, je préfère gagner des écus. C’est plus joli, ça brille et ça fait pas de bruit comme les bébés. Tu crois que j’aurais une aussi belle couronne que celle de maman?

Heloise_marie a écrit:: L'oeil bleu est fixé sur la goutte qui dégouline au bout de sa plume posée négligemment sur le parchemin. Héloise est figée dans une posture tendue. Bordel de merde cette gamine qui gâche tout, mais c'est pas vrai, mais c'est pas possible, mais non mais.... Si... la goutte tombe et Héloise tente un long mouvement souple du bras en se penchant en avant pour attraper l'encre dans sa main avant qu'elle ne souille sa peau de Nath -feu le mouton hein- sur le sol. Loupey. Penchée en avant, la main tendue sur du vide, elle regarde les dégâts tandis qu'une autre goutte rejoint la première et qu'une autre dégouline encore. Plusieurs options s'offrent à son esprit totalement sain.

Numero uno : lui arracher la plume des mains et la planter dans son œil, ainsi l'encre noircira son âme déjà souillée par le poids de la culpabilité, l'appeler Maryanne la borgne et la vendre à un pirate à bon prix afin de se racheter une peau de bête.

Numero due : lâcher son cri suraigu qui fait éveiller les morts, la soumettre en l'envoyant aux travaux forcés à la mine sans nourriture ni eau jusqu'à ce qu'elle ait épongé sa dette à la société -cad Héloise- et sorte de là plus maigre que la Sparte, si maigre qu'on pourrait la ranger dans un petit sac à main et la promener comme une chose indésirable.

Numero tre : attraper une cordelette bien solide, l'attacher autour de son cou et serrer, serrer jusqu'à ce que le visage de la rousse devienne mauve, comme le mauve et le roux ne se marient pas, grimacer du manque de grâce, relâcher la pression, mais l'avoir gardée assez longtemps pour qu'il y ait des séquelles psychologiques et l'appeler, ainsi : Maryanne la simplette.

Mais cépavré mais cépapossible mais t'es vraiment une simplet..pirat...BORDEL LE MAUVE ET LE ROUX C'EST INTERDIT EUKÉ ?

Mmmh oui, on a jamais dit qu'Héloise savait gérer ses émotions. Elle se lève comme une furie, attrape la plume et la secoue à gauche à droite en gueulant contre l'adolescente. Elle envoie valser la plume dans la pièce, puis pose deux doigts sur ses tempes, de chaque côté de son visage pour se calmer et éviter d'avoir des comptes à rendre à Elisabeth, bénissant en même temps le Bon Dieu de pas lui avoir laissé un gosse à éduquer. Oui, là, clairement, elle ne ressent plus du tout le manque de feue la grossesse.

Malo mori quam foedari : plutôt mourir que défaillir ! C'est la devise des Sparte.
On se calme on reprend sa respiration.
Tu me dois un tapis.
Inspiration, expiration. C'est qu'une enfant.
Tu auras des enfants, tu n'as pas le choix, et tu n'auras jamais, jamais jamais jamais une couronne comme celle de maman SI TU NE SAIS PAS ÉCRIRE SANS EN FOUTRE PARTOUT ! MAIS REGARDE, REGARDE MOI CETTE BELLE PEAU DE NA...DE MOUTON ! Raaaah, elle m'a coûté un bras... Un foie...

Bon, non, c'est bon, allez ! Hop, zou, on continue ! Allez, dis-moi, tu veux savoir quoi sur les Sparte... Sois précise dans ta question.

Elle se laisse tomber sur le fauteuil, en mode dépit, et lance un œil noir sur Maryanne en se maudissant finalement de ne pas l'avoir laissée partir.

Si j’avais peur d’Héloise ? Ma foi non. J’avais tellement vu marraine en colère pour des broutilles que je me mordais la langue pour ne pas éclater de rire. Alors pour une plume ou une peau de bête mortellement décédée.... Je n’avais encore jamais vu marraine être aussi en colère que maman. Haussement des épaules. Ce qui me dérangeait était sa réflexion sur le mauve et Le roux. Je ne comprenais pas le rapport. Je regardais ma robe en attrapant mes cheveux. Je laissais mes yeux regarder tour à tour ma robe et mes cheveux mais aussi marraine en cherchant ce qui ne tournait pas rond.

Ca va pas marraine ? T'as des problèmes de vue? Ma robe elle est bleue dis. Si c'est Isolde qui a des problèmes avec ses couleurs, il faut lui dire à elle. Pas à moi. Céjoli, ma robe bleue non?

J’écoutais attentivement la suite. Je ne pus m’empêcher de commenter de vive voix à propos de la devise.
Si j’avais su, j’aurais mieux écouté le précepteur. Au moins j’aurais compris que tu me parlais en latin au lieu de penser que tu débutais notre arbre généalogique par Malo et Dary. D’ailleurs ils existent pas c’est ça?

Je fronçais les sourcils en regardant le tapis. Je ne voyais pas ce qui avait bien pu tâcher le tapis. Haussement des épaules à nouveau.
C’est pas moi qui a taché c’est toi.
Je regardais marraine avant de lui répondre.
Vois ça avec maman. J’ai pas d’écus.

Un bras, un foie et quelques mèches de cheveux? Tu ne devrais pas te mettre en colère tout le temps, t’as des cheveux blancs qui commencent à pousser. Pour le parchemin, maman veut pas que j'écrive sur du parchemin. Elle dit que j'écris pas assez bien pour en utiliser. C'est pour ça qu'elle me laisse des tablettes de cire. Pour que je m'entraîne à écrire mieux tu vois? Maman m'a dit que le jour où j'écrirai bien, j'aurais le droit d'utiliser du parchemin. Ca devrait pas coûter si cher que ça? A part un bras, un foie et deux oeils hein marraine? J'ai plus pensé à te le dire. C'est si grave que ça? Comme le mauvais assemblage du roux et du mauve?

Nous allions enfin passer à la partie qui m’intéressait le plus. Alors que marraine s’installait dans son fauteuil, je me retirais du pupitre pour me rapprocher d’elle pour me mettre à genoux devant elle pour écouter les histoires qu’elle allait me raconter. J’ouvrais de grands yeux bleus brillants d’émerveillement. J’avais tellement attendu avant que l’on me parle de cette famille qui m’était parfaitement inconnue. J’affichais mon plus beau sourire et ouvrais le bal des questions.

Qui était mon papa? Qui étaient les parents de mon papa? Qu’est-ce qu’on est au final, toutes les deux? Des cousines très lointaines? Comment maman et papa se sont rencontrés? Pourquoi ils se sont pas mariés ? Pourquoi maman t’appelle l’étoile alors que tu ressembles plutôt à une chou..pinette de tantine? C’est qui tes parents à toi? T’as des frères? Des sœurs? D'autres cousins? Dis-moi tout marraine. Je connais personne à part toi! Je suis prête à t'écouter!