Arbois
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 [RP] Ainsi Soit-il.

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Élisabeth
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MessageSujet: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:16

Heloise_marie a écrit:

    [Dimanche vingt-huit mars mille quatre cent-quarante-neuf, fin de soirée, début de nuit ! ]




Quand on lui sortira des reins, l'avenir de la terre,
Quand elle f'ra un gamin, on connaîtra pas l'père.



Mairie de Vaudemont. Elle est assise à son bureau sous le contrôle absolu du faux-moustachu qui n'en est pas un puisqu'il n'a pas sa moustache. Rien de plus simple pour le moment. Le soleil a déjà disparu dans le ciel et voilà quelques heures qu'elle a quitté la taverne, avec l'obstinante idée d'aller travailler car le décompte des jours lui met une putain de pression. La peau d'ours était quand même plus alléchante. Mais nan. Un écu dans le coffre de la mairie, un écu dans la poche. Un écu dans le coffre, un écu dans la poche. Elle profitait des quelques derniers jours de mandat pour faire du tri par le vide, ravie que Florika prenne la relève. Du rangement. Du ménage. Du brûlage de preuves, qu'elle avait justement confié au raccompagnant du soir. Du classement sélectif. Appelez ça comme vous voulez hein... Les voyages se profilaient à l'horizon. Bouger de ce bled rocailleux la faisait rêver. Les nouvelles destinations s'annonçaient comme un début de printemps. Comme l'an dernier, alors qu'elle sortait d'un couvent moisi de cinq ans de réclusion et retrouvait goût à la vie en s'envolant pour de nouvelles aventures au pays des timbrés -France-. Si ça laisse un arrière-goût de Martine à Limoges, il n'en était plus rien à présent. Elle n'était plus seule face à l'adversité qui était sienne jadis. Elle était encombrée de ce que Maryah aimait appeler la cour d'Héloise. Ce à quoi Héloise répondait volontiers un béwi quoi, faut ce qu'il faut pour s'occuper. Mais nenni, ami lecteur de la soi-disant cour de Sparte vous n'êtes pas que des divertissements, je vous love étou. Bref, revenons à nos moutons : pas ceux crevés dans la mine, ceux qui nous intéressent dans le cas présent : Héloise et son aventure du jour...

Un écu dans le coffre. Deux écus dans la poche. Un écu dans le coffre, deux écus dans la poche...Un... on s'arrête. Crampes du bide. Le morveux, bien calme ces trois derniers jours, presque endormi après des semaines de fiesta, semblait se réveiller soudainement en tabassant son ventre de coups. Elle grimace. Se penche un peu en avant dans une position qu'elle avait trouvée relativement agréable pour la situation et respire longuement. Une fois, deux fois. On inspire, on expire. Une fois, deux fois. La douleur se calme. Elle se redresse pour terminer ses comptes en prenant une position plus confortable sur son siège capitonné. La douleur revient. Avec une vague d'angoisse qui lui prend les tripes et lui donne la gerbe. Plus forte encore, réveillant en elle un terrifiant arrière-goût d'un Arbois, treize ans plus tôt, alors qu'Isolde se montrait aux yeux et su de tous, surtout le sien.  


C'est trop tôt ! Calme-toi !

Elle marmonne en massant les plis de sa robe masquant la peau distendue de son ventre rebondi. Trop tôt oui. Elle avait calculé avec Elisabeth qu'il ne devait pas poindre son nez avant au moins... juin ou juillet. C'était plus ou moins deviné hein, elle n'y connaissait rien à la médecine et vu son ventre, supposait qu'il pouvait débarquer d'une minute à l'autre, mais nenni : elle n'en était encore qu'à l'aube de son jenesaispasseptième mois. Et on lui avait parlé de neuf. Neuf mois de galère. Un soupir plus tard, la chosinette semble se calmer et Héloise décide qu'il est préférable de rentrer. Elisabeth revenait de son ban genevois dans la journée du lendemain et il était hors de question qu'elle ne soit pas là pour l'accueillir. Puis vu que toute la soirée avait été mouvementée de douleurs, il était temps pour elle de se reposer.

Refermant les derniers coffres et regardant brûler les dernières preuves de ses méfaits, elle avise Knorr afin de se mettre en route à son aise vers son chez elle. Bras dessus bras dessous, ne manquait que, comme la veille, la chanson meuhmeuh. Le temps est clément. La lune pointe quelques rayons qui illuminent vaguement la route. Il fait froid, malgré que le temps soit de plus en plus doux la journée, annonçant une belle saison à venir. C’est bien là sa saison préférée, le début de printemps. Doucereux et annonciateur de la renaissance. Rappelant à ses bons souvenirs la chaleur d’un été trop rapidement envolé dans ses songes. Son cœur se pince. En même temps que son ventre qui, une nouvelle fois, fait savoir sa présence.

Elle accélère le pas pour éviter un moment "oups", ce genre de moments qui, dernièrement, lui arrivaient bien trop souvent. Abandonne le bras et se faufile rapidement chez elle pour retrouver le ô-béni-soit-il pot de chambre salvateur.

Et là, c’est le drame…



[hrp]Rp-ouvert, pour cohérence : MP. [/hrp]
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:16

        [ Dans la nuit du dimanche vingt-huit au lundi vingt-neuf, fin du mois de mars mil quatre cent soixante-neuf, sur la route : de la Franche-Comté à la Lorraine. ]


« Encore un jour dans ma vie, où je n’ai pas envie de rester en place. »*

N’avez-vous jamais eu de mauvais pressentiments qui vous mettent les tripes en vrac ? Élisabeth, si.

Elle avait fait une « guerre ». On l’avait appelé et elle avait répondu à l’appel, comme tout noble qui se respecte. La guerre est finie. Elle se devait d’accomplir la promesse qu’elle avait fait à son amie. Celle qui avait toujours été là pour elle, notamment dans les pires moments de sa vie. Avant de se rendre auprès de la Sparte, la Courden fit un détour pour récupérer son fils aîné et prendre un carrosse afin de se rendre le plus vite possible aux côtés de la blonde Sparte. Elle lui avait manqué. Elles s’étaient quittées non pas durant des mois comme elles avaient pu le faire des mois auparavant mais ne dit-on pas que lorsqu’un être vous manque, tout est dépeuplé ? Leur amitié était vive, inexplicable, inébranlable. L’amour qu’elles partageaient était aussi fort que les liens de sang — m’enfin, n’oublions pas qu’elles avaient déjà fait un pacte de sang, ces deux gourdes donc d’une certaine manière, elles étaient liées par le sang. La Courden était soucieuse : elle savait qu’elle n’avait eu d’autres choix que de laisser son amie pour aller guerroyer mais qu’avait-il pu se passer durant son absence. Certes, c’était le néant complet, avec la certitude — preuve à l’appui avec des lettres — qu’elle s’était ennuyée comme un rat mort mais lui avait-elle caché des choses ? Un retour non souhaité de l’homme qui l’avait foutu en cloque ? Un départ précipité, abandonnant tous ses enfants une nouvelle fois ? Ce n’était pas sans angoisse qu’elle retournait sur des terres qu’elle n’affectionnait pas spécialement. Déjà parce que c’était là qu’elle avait dit adieu, d’une certaine manière, à une vie qu’elle aurait probablement regretté de quitter si elle en avait connu la tournure, plus d’une dizaine d’années auparavant. Et puis, c’était le repère de tous vils bandits, après Genève. Et peut-être après la Savoie. Bref, vous l’aurez compris : la Lorraine et Élisabeth, ça fait deux. Alors elle prit sur elle et partit, vaille que vaille, rejoindre son amie.

Mais surtout, ce qui la tracassait le plus était la santé de la Sparte. Tout le monde le sait : la planche à pain peine déjà à prendre soin d’elle toute seule. Alors prendre soin d’elle et d’un bébé, c’était presque un miracle. Mais ce n’était pas tant pour le miracle qu’elle était inquiète, c’était pour la délivrance future. Plus les mois défilaient, plus l’angoisse de devoir faire un choix entre la mère et l’enfant, en cas de problème, se profilait. Et même si elle se surprenait toujours à penser cela, elle privilégierait Héloise plutôt que l’enfant. Elle ne souhaitait en aucun cas mettre un terme à la vie d’un enfant qui n’avait rien demandé. Car justement, celui-ci n’avait pas demandé à être conçu, et encore moins d’avoir de tels parents. Mais il était hors de question, si les choses tournaient mal, de perdre une amie aussi chère à cause d’un homme qui avait su profiter de la situation et de la personne. D’un homme qui avait pris la poudre d’escampette sans tourment, sans même prendre en compte qu’il avait laissé derrière elle une personne esseulée, plus fragile encore que l’accoutumée, plus vulnérable et plus faible mentalement. Si Élisabeth avait compris cette douleur, c’était avec la sienne qu’elle arriva auprès de son amie, et qu’elle lui promit une multitude de fois qu’elle sera à ses côtés pour l’aider, pour la délivrance.

Le regard dans le vague, perdu dans la nature qui se profilait sous son nez durant le voyage dans la voiture, avec les bavardages intarissables de son fils, bien trop content d’avoir retrouvé sa mère et d’être à ses côtés encore une fois tout seul, sans ses sœurs. Si les réponses d’Élisabeth se faisaient par un sourire, des hochements de tête et des réponses-bateaux, le mental était déjà présent à Vaudemont, prêt à secourir son amie en cas de besoin. Elle se préparait surtout mentalement à tout éventuel pépin qui pourrait arriver avant la délivrance, le sermon qu’elle pourrait lui faire sur le repos nécessaire pour que tout se passe correctement, le miroitement du voyage tant espéré et si longtemps promis. Chaque délivrance se ressemblait un peu : la même appréhension d’y laisser sa propre vie pour en laisser une autre, l’appréhension que tout va très mal se passer, l’appréhension de n’avoir l’occasion de faire la connaissance de l’enfant car on est morte trop vite, ou inversement. Il y avait des chemins qui s’étaient trouvés être aussi longs tant le but du voyage était inquiétant et angoissant ; celui-ci en faisait partie et à cet instant de cette longue vie sur terre, ce fut le pire voyage réalisé. Qu’allait-elle retrouver à son retour ? Le chahut provoqué par le carrosse eut pour effet d’énerver un peu plus Élisabeth, qui avait envie de hurler au cocher de se bouger le fion plus vite, ou de lui laisser un cheval pour partir plus vite. Et à cette idée, le regret de ne pas avoir fait le chemin en premier la submergea d’un coup seul, comme lorsque l’on se retrouve mouillé après être tombé(e) accidentellement dans l’eau.

Il allait falloir prendre son mal en patience.


« Encore un lundi sans vie où je ne subis que le temps qui passe. »*

Quelques jours plus tard, plusieurs heures après le départ de l’auberge, sur la route de Vaudemont, les très longs monologues incessants du gamin avaient fini par l’assommer lui-même, soulageant par la même occasion l’ouïe d’une mère éreintée, épuisée et stressée. Le soleil commençait à décliner doucement pour laisser la place à son remplaçant. Le moment fatidique se rapprochait et l’angoisse de n’avoir absolument aucune idée de ce qui pouvait s’être passé en son absence la rendait insupportable. Fort heureusement, Rogier dormait, et personne n’était avec elle dans l’habitacle pour entendre ses véhémences. Soudain, l’accident arriva : la roue se brisa, laissant la voiture bancale. Le réveil en sursaut de Rogier augmenta la tension palpable et la colère que ressentait à ce moment-là la Courden. Sortie du calèche, non sans aide de la part de ses gens, elle constata les dégâts à la lumière des derniers rayons du soleil, piqua une crise avec une envie morbide de taper des gens mais reprit vite une contenance. Puisque le chemin n'était plus assez long pour atteindre Vaudemont, elle ordonna qu’on lui laissât un cheval, même s’il n’avait aucune selle, elle ferait avec. Elle laissa le cocher se débrouiller et « promit » d’envoyer quelqu’un les aider une fois arrivée sur place. Prenant son enfant avec elle, il était insensé à ses yeux qu’elle le laisse tout autant qu’il galope un autre cheval au risque de se blesser, elle l’obligea à se cramponner à elle, le plus fermement possible, puis prit le départ en ayant pris soin de se faire allumer une torche pour continuer la route. Le chemin ne dura pas autant de temps qu’en calèche, gagnant par-ici de précieuses heures voire des précieuses minutes. Les murs de la ville s’agrandissaient au fur et à mesure qu’Élisabeth s’approchait, tenant fermement autant son enfant que le cheval. Puis, première bifurcation après une longue chevauchée pour atteindre la ville qui commençait sa vie nocturne, elle ne mit plus suffisamment de temps pour s'approcher de la demeure de sa précieuse amie. Faisant descendre son fils avant elle une fois arrivés dans la cour, elle vit un Archimède, probablement ravi et étonné de la voir, surtout à une heure aussi tardive. Rapidement, elle lui informa pour son carrosse, puis demanda où se trouvait la comtesse.

Dans la chambre, je crois.

Un remerciement plus tard et la voilà, ayant laissé son fils faire sa vie de sale gosse pot-de-colle qui avait reçu l’ordre d’aller se coucher, partie à la recherche de son amie, les tripes en vrac par l'angoisse de voir ses pressentiments s'exaucer.



[hrp]*Si jamais vous n'avez pas reconnu, voici la réf.[/hrp]
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:16

Heloise_marie a écrit:
Et là, c’est le drame…

Le genre de drame qui ressemble à du déjà-vu. Le genre de drame qui la ramène de nouveau quelques années en avant. Le genre de drame où tout semble flou un moment, l'angoisse tenaillant un coeur déjà trop éprouvé. Qui vous laisse hors du temps, comme si plus rien d'autre ne comptait que l'instant présent. Le sang. Rouge vif et brillant. Un sang frais et annonciateur de nouvelles néfastes. Un sang qui s'accompagne de douleurs de plus en plus vives. Une pression sur son ventre comme si mille mains poussaient dessus pour évacuer un mal nécessaire. Le pot de chambre est souillé. Ses jambes sont souillées. Ses chausses ô combien magnifiques et chères, sont souillées. Le palpitant s'emballe, il s'emballe tellement qu'à un moment elle pense voir flou en reconnaissant la blondeur d'Elisabeth entrer dans la pièce alors qu'elle n'est attendue que pour le lendemain. La douleur est vive et tenace. Mais Héloise tient bon. Elle semble retrouver dans ses maigres forces cachées on ne sait où, assez de bon sens pour, jupons relevés sur le drame, s'éloigner de la souillure.


Elisabeth... C'est trop tôt ! C'est trop tôt !

Quelques mots prononcés d'une voix brisée, alors que ses mains relâchent le jupon pour se tendre vers celles de son amie. La salvatrice. Celle qui est toujours là quand il faut et où il faut, raaah le destin kilébien fait -ou tout du moins nous qui gérons bien hinhin-. Elle panique. Héloise. Elle panique parce qu'elle comprend ce qui lui arrive. Elle comprend qu'il est l'heure. Qu'il est temps. Qu'il est là. Il ou elle d'ailleurs. Cet être insignifiant de prime abord, la chose, si bien surnommée par Alexis. La destruction de son futur et l'anéantissement de tous ses projets. L'élément non identifié qui allait la clouer à une responsabilité nouvelle et dont elle n'avait aucune envie. Mais la chose tout de même qu'elle avait portée pendant des mois. Qu'elle avait appris à apprécier malgré tout. A qui elle s'était confiée. Pour qui elle avait pleuré et qui la liait de près ou de loin à cette aventure ridiculement attachante de Limoges à la Provence en passant par l'Espagne.

Elle comprend qu'il est temps. Qu'il n'y a plus d'autres échappatoires possibles que la délivrance. Et là, c'est l'angoisse absolue. Si la naissance d'Isolde avait été tourmentée et étrange, elle n'en avait pourtant pas eu les mêmes effets. Se découvrant à quatorze ans un mioche qui nait en plein milieu d'un tea-time en pensant seulement qu'on a des crampes ou une chiasse de dingue, ah, c'pas pareil que de savoir ce qui vous attend. Là : elle sait. Elle sait ce qui l'attend. Comme une conscience maternelle et purement féminine qui crie dans vos oreilles "ça y est; c'est le jour, le jour où tu vas accoucher et gueuler sa mère l'étron à qui te dira souffle tout va bien aller". Premier nom qui lui vient à l'esprit alors que la panique l'emporte de plus en plus et qu'elle serre les mains d'Elisabeth entre les siennes. Rose.

Guidée vers le lit contre lequel, bon gré mal gré, entre deux crampes et contractions, elle s'appuie fermement, penchée en avant, soutenue par une Elisabeth expert-en-accouchement-ou-presque, Héloise, qui ne crie pas encore, parvient à balancer un faible.


Il faut appeler Rose ! C'est Rose ! Rose doit m'aider. Elle a promis ! Elle a promis !

On s'arrête. Nouvelle contraction. Elle ne sait pas ce qu'elle doit faire. Se coucher ? Rester debout ? Demander qu'on lui apporter de quoi grignoter au cas où elle aurait un p'tit creux -qui sait- ? Elle était là à la naissance d'Anatoline et se rappelait vaguement qu'Elisabeth était assise sur un machin qui ressemblait à un instrument de torture. Mais Elisabeth était plus organisée qu'Héloise. Héloise, elle, n'avait rien d'autre qu'un lit oué. Même pas une sage-femme ou un médecin. Rien. Enfin, bon, c'était normalement pas la date prévue, alors elle avait de l'argument pour se défendre. La nouvelle contraction étouffa ses contenues. Elle pousse un cri qu'elle tente d'étouffer vainement en enfonçant son visage dans le matelas de son lit. Ah bordel ! Faites des gosses moi j'vous dis : c'est que du plaisir.
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:16

« Dans la chambre, je crois. » Ceci devenait une certitude une fois la porte franchie, sans même s'être annoncée comme elle l'aurait fait en temps normal. Sauf que ce mauvais pressentiment qui lui prend les tripes depuis tant de jours lui firent l’effet d’un aliment indigeste. Figée, elle avait l’impression de remonter une dizaine d’années en arrière, et ce n'était pas sans raison : la Sparte avait du sang coulant le long de ses jambes. Ce souvenir qui lui remontait à la surface lui fit perdre conscience quelques instants car ce qu’elle se remémorait lui retournait l’estomac : allaient-elles faire un remake d’Arbois, treize ans auparavant ? À voir Héloise perdre son sang, sans savoir elle-même qu’elle était grosse et accoucher sous son nez, comme possédée car ne comprenant pas ce qu’il se passait. Elle était présente, ce jour-là, à ce fameux teatime qui avait tourné vinaigre car ça s’était transformé en jus-de-tomate-time. Hé oué. Si vous ne connaissiez pas le principe, c’est simple : étant donné que la tomate n’existait pas encore durant l’année d’existence de nos deux donzelles ; le principe consiste à remplacer le sang par de la tomate. Vous verrez, ça passe crème. Sans jeu de mots volontaire avec la bouffe hein. Bref, reprenons. Nous étions en train de constater la transformation en statue de sel d’Élisabeth, bouleversée par ce qu’elle voyait, la peur et l’angoisse qui se confirmaient. Elle allait revivre un remake réécrit. Ce fut les propos d’Héloise qui tira Élisabeth de sa terrible torpeur.

Reprenant ses esprits, Élisabeth retira ses gants, laissant apparaître la cicatrice visible dans ses mains puis, attrape les mains d’Héloise, lui permettant les presser autant que ceci pouvait la soulager. Elle constata, non sans effroi, que rien n’avait été réellement préparé pour accueillir le bébé. Comme il a été si bien dit auparavant, Élisabeth était largement équipée, vu le nombre de fois qu’elle avait pondue des gosses, autant que des poules. Des enfants viables et en bonne santé. Et des enfants morts. Pire que la loterie, j’vous jure. Pas de chaise « de torture » comme elle avait vivement recommandé à Héloise pour luia faciliter l’accouchement, pas de berceau pour le gosse. Bref, la misère. On se serait cru face à une novice. Oh mais attendez … C’EST une novice. Le premier accouchement ? Naan, ne le comptez pas. Personne n’était prêt de toute manière. Elle aurait aimé la réconforter, lui dire qu’elle la sauverait, quel qu’en soit le prix mais aucun son ne parvenait à sortir de sa gorge. Elle se contentait de soutenir par les gestes Héloise. Elle l’accompagna jusqu’au lit, ignorant le pot de chambre catastrophique, puis, soutenant du mieux qu’elle le put la Sparte, elle entendit la demande d’Héloise. C’est bien beau tout ça mais encore fallait-il que ce soit réalisable. Quoi qu’à ce stade de l’affaire, rien n’était réellement impossible. Apportant une main sur le dos d’Héloise pour la réconforter, lui exprimer d’une autre manière son soutien infaillible, elle toussota puis elle fit entendre sa voix à l’appel d’une domestique. Lorsque quelqu’un — en l’occurrence, une bien jeune domestique — entra dans la chambre, Élisabeth ne laissa pas de temps à la gamine d’analyser la situation qu’elle déblatéra :
Allez de suite chercher Rose. Si vous ne la trouvez pas, cherchez une matrone. Ou un médecin — de préférence Rose. La comtesse est sur le point d’accoucher. Faites vite préparer de l’eau très chaude et du linge. Et bougez-vous le fion ou je me charge de vous !

Était-ce la peur de la menace ou de la scène qui se déroulait sous ses yeux ? Toujours est-il que la domestique repartit une fois les ordres donnés. Se concentrant à nouveau sur Héloise, elle éclaircit à nouveau sa voix pour bien se faire entendre : Écoute-moi et ne discute pas. Je sais que tu as envie de hurler de toutes tes forces, à en cracher tes poumons tant ça fait un mal de chien. Je vais t’aider à te déshabiller pour que tu sois plus à l’aise, pendant qu’elle parlait, Élisabeth s’exécutait à dégrafer le corsage d’Héloise, et je t’aiderai à t’installer en attendant que quelqu’un vienne. Elle s’arrêta brièvement pour dire : N’essaie même pas de discuter, puis continua sa tâche avec précaution tout en s’activant, ce n’est pas du tout le moment de protester.

Héloise se retrouva en chemise, c’était bien pour lui permettre de ne pas étouffer sous une tonne de vêtements qui ne lui auraient pas permis de respirer correctement. Une fois l’énième contraction passée, Élisabeth obligea Héloise à se mettre sur le lit, en étant la plus assise possible. Deux domestiques arrivèrent avec du linge et de l’eau. Pendant que l’une s’occupait de l’eau, l’autre, sur l’ordre d’Élisabeth, installa un premier linge sur le lit, essayant de le mettre le maximum possible sous Héloise. Une autre personne entra. Rassurée, Élisabeth installa des coussins puis, prenant les devants, s’assit derrière Héloise, les jambes écartées afin d’accueillir Héloise contre elle et pour que cette dernière puisse se soutenir contre quelque chose d’autre que des oreillers. Cette technique lui rappela l’un de ses accouchements, le soutien qu’elle avait eu de cette manière, se sentant rassurée d’être soutenue de la sorte même si la douleur pouvait être si vive que vous en oubliez tout le reste. Laissant ses mains à la disposition d’Héloise, elle lui souffla, se voulant la plus réconfortante possible : Je suis là. Je ne t’abandonne pas. Une violente envie de la serrer dans ses bras la submergeait. Elle aurait aimé la rassurer, la réconforter — pire qu’une maman poule, j’vous jure ! — et lui dire que tout ira bien, mais elle se contenta de se laisser lacérer les mains, pour ne pas dire broyer. Je ne te quitte plus. Tu vas y arriver. Nous sommes là. Je suis là.
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:17

Magie.de.knorr a écrit:
[Dimanche vingt-huit mars mille quatre cent-quarante-neuf, fin de soirée, début de nuit]

Alors qu’elle était occupée à faire ses comptes d’apothicaire, lui, le petit bout de langue dépassant de ses lèvres - la pose faciale réglementaire pour toute activité manuelle exigeant un minimum de concentration - s’occupait à découper les deux fausses moustaches qu’il avait dessiné sur un parchemin.

C’est pour la route, discrétion tout ça.

On lui avait bien demandé de faire un truc qu’il n’avait pas écouté en hochant du menton, il était déjà loin dans sa tête, visualisant les courbes qu’il donnerait aux pointes de sa future oeuvre moustachue.

Oui, je m’en occupe !

Et fit comme ces enfants à qui l’ont demande une corvée, un soupir las, posant le tout sur le côté en se disant qu’on le fera le lendemain.

Ouais, pro-crasse-truc là. Je suis un flemmard quoi.

Le top départ annoncé, bras dessus bras dessous, il avait bien senti le changement d’ambiance et oublia les fausses moustaches en poche pour se concentrer sur des bêtises afin de lui changer les idées.

"Et là, bah la lune elle fait un salto ! Mais elle est triste parce que, vu qu’elle est toute ronde, personne ne le remarque."

Le babichou était ce soir insolent, avait montré du caractère, beaucoup, au point de le forcer à faire une hypKnorrisation* sauvage en taverne. Il était inquiet. Encore plus lorsqu’elle le quitta rapidement pour entrer chez elle en courant.
C’est dans ce genre de moment que l’on juge la qualité d’un homme. Sang froid, responsable, bonnes décisions. Vous l’avez compris, ce n’est pas lui. Armé de son célèbre cri de fuyard...


Hiiiiiiiiiiiiiiii

Voilà, tout à fait, il courut chez la voisine pour tambouriner à sa porte avec force pour la réveiller vite vite.

WOUHOU ! Ah non pas wouhou. OUHOU ! Vous êtes là ? Tiens pourquoi un pompon là ? Mince ce n’est pas la bonne maison … Pardon pardon, bonne nuit !

Il se concentra et repéra la maison de Rose, facile, c’est celle qui brille à fond dans la nuit avec sa grosse cheminée de grand luxe de fou qui déchire tout là.

Ouais je veux le même !

Des coups de pieds, de tête et tout ce qui peut tapoter sur la porte.

Aïe ça fait mal. Mais RROOOOSE ! Vite ! Apportez du baume à gâteau, vos outils.. euh non pas la scie .. trucs de médecin là, Héloise va pas bien...



[hrp]*Technique pointue de charlatan.[/hrp]
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:17

Rose_arum a écrit:
Ce soir-là, comme tous les dimanches, Rose s'était retirée tôt de la vie sociale municipale. Le dimanche, en effet, était jour de culte. Double-culte, en vérité, qui se vivait tout à fait individuellement. Messe le matin, fondue le soir. Geste aristotélicien à l'aube et geste savoyard au crépuscule, dans l'intimité de sa gentilhommière (c'est le classement qui le dit) pour se souvenir d'une Savoie qui lui manquait hebdomadairement, les dimanches soirs, précisément, et à laquelle elle rendait hommage dans son palais (buccal, bien sûr, aucun lien avec la gentilhommière précédemment introduite).

Après de longues minutes synonymes d'une surproduction massive de salive, le fromage était enfin fondu à la perfection, tout à fait prêt à accueillir les restes secs du succulent pain de Brunehilde que Rose achetait toujours en un-peu-trop-grande quantité, histoire de s'assurer les surplus nécessaires pour honorer son duché de coeur. Elle pique son pain, prend une longue inspiration pour faire circuler l'agréable fumet de ses narines jusqu'au fond de sa gorge, ferme les yeux et s'apprête à prendre sa première bouchée sacrée quand...

BAM BIM BOUM !

Sacrilège ! Conspiration ! Cruauté ! Qui osait donc interrompre son rituel, pourquoi, et surtout, comment camoufler une douce et grasse fondue fumante à l'abri des naseaux que l'on sait particulièrement performants lorsqu'il s'agit de passer de l'extérieur infini à l'intérieur confiné d'une – aussi luxueuse soit-elle – maison ? Faire la morte ou ouvrir, il faut choisir. Et tout menait Rose à choisir la première solution. Elle pourrait prétexter un sommeil si lourd qu'elle se serait endormie avant même que les bougies s'éteignent ; elle serait terriblement convaincante dans sa mention de tambourinements de porte rêvés, qui lui semblaient à la fois si lointains et si proches... Mais ça, c'était avant. Il suffit de quelques mots à travers la porte (retro-spoilers : pas les premiers mots) dans les oreilles de Rose pour qu'elle lâche tout, fondue rituelle comprise, et se précipite au dehors, emportant à la volée plein de trucs de la médecin-botaniste-herboriste qu'elle était pour les fourrer dans une grosse besace. Héloise allait mal et elle avait besoin de son aide. À mesure qu'elle trouvait ce qu'elle cherchait, elle voyait le pire se déployer invisiblement devant ses yeux. Depuis deux jours, son inquiétude concernant l'état d'Héloise s'était accrue. Trois jours, avait-elle dit, que le ou la filleul·e n'avait plus bougé. Rose avait plaisanté, déclarant que le bébé était sûrement simplement fatigué pour rassurer son amie et lui éviter tracas et stress inutiles, mais elle avait elle-même tout le mal du monde à s'en convaincre. Un changement aussi brutal, ce n'était jamais bon signe.

BAM ! À son tour de quasi-défoncer la porte pour se retrouver, enfin, face à son pas-du-tout-invité.


    « Allons-y ! »

Elle lui refila sa besace – après tout, elle se sentait déjà défaillir aux sombres perspectives qu'elle imaginait et elle n'avait rien dans le ventre à cause de lui – et le tira aussitôt par le bras pour l'emmener avec elle au pas de course chez la voisine – la bonne, Héloise. Et si on parlait de naissance, cette nuit-là, LÀ ? Tout de suite ? C'était beaucoup trop tôt. Ils étaient à peine partis qu'une petite domestique se ruait vers eux en agitant des bras paniqués. Blablabla... Héloise... sur le point d'accoucher... Il n'en fallait pas plus pour que Rose la coupe. Pas le temps ! L'essentiel est dit, il faut se taire et courir plus vite. C'était beaucoup trop tôt. Optimiste jusqu'au bout, Rose remarqua que l'avantage était du côté de la vie d'Héloise. Mettre au monde son enfant aussi tôt éviterait que celui-ci ne soit trop gros, et augmentait ainsi de beaucoup les chances de survie de la pauvre mère. À moins que... C'était vraiment trop tôt. Trois jours de calme. À moins que ce ne soit plus un enfant qui montre son nez, non pas tiède et douillet mais froid et glaçant. Si l'enfant était déjà mort, Héloise courrait un grave danger et chaque instant comptait plus que jamais. Courir de plus en plus vite, donc. Le bras de Knorr dans une main, celui de la domestique dans l'autre, et ainsi jusqu'à l'entrée de la demeure. La domestique les guida efficacement jusqu'à la porte de la chambre, où Rose récupéra sa besace.

    « Knorr, vous restez ici. Héloise a été bien claire, pas d'homme ! »

Et elle l'abandonna lâchement pour rejoindre la non-fête féminine de l'autre côté du mur. Héloise et Elisabeth lui apparurent comme un tableau tragique. Dans une étreinte déchirante, la douleur sur le visage de l'une, l'angoisse sur celui de l'autre, et finalement peut-être un peu de chaque sur chacune d'entre elles mêlé à un amas broussailleux d'émotions toutes plus négatives les unes que les autres, Rose se figea un instant dans l'horreur qui la visita. Comment être à la hauteur alors qu'elle n'avait jamais donné la moindre naissance ? Elle n'avait même pas eu le temps de s'entraîner avec des mammifères plus dociles ! C'était beaucoup trop tôt, oui, et de son côté non plus, rien n'était prêt. Lui restait l'expérience de sa propre mise bas qu'elle avait vécue à la sauvage, sans personne, sur un lit d'épineux émoussés. L'enfant s'en était sorti. Elle serait bien capable de reproduire ce miracle. Elle n'avait pas le choix, elle avait promis à Héloise. Se ressaisissant, accrochant au passage le regard d'une Elisabeth qui était certainement la plus expérimentée de la pièce, elle se précipita auprès de l'accouchante. De sa besace, elle sorti un mélange huileux de camomille et autre graisses animales qu'elle répartit en un massage presque câlin sur le ventre rond.

    « Ça devrait t'aider... et lui aussi. Tu vas y arriver Héloise. On va y arriver. »

Postée entre les jambes d'une Héloise installée et maintenue au mieux par Elisabeth, elle se lança dans un travail qui l'effrayait beaucoup plus que ce que son visage laissait paraître. Quoi de pire que d'accoucher en ayant sous les yeux une ventrière grimaçante, les yeux fous et la sueur au front ? Il fallait se montrer sûre, rester calme et agir aussi doucement que précisément. Ses doutes et ses craintes, elle les gardait pour les coups d'oeil qu'elle parvenait de temps en temps à lancer à Elisabeth qui, certainement, comprenait son sentiment.

C'était fichtrement trop tôt, mais... qu'il soit en vie ! Qu'elle s'en sorte ! Et la mère tout autant. Cette seule idée tournait en boucle dans la tête de la ventrière presqu'improvisée. Avec sa voix, elle cherchait à guider Héloise, à lui commander des efforts surhumains. Héloise la rayonnante, la forte, l'impressionnante, mais aussi la fragile et l'instable. Elle sembla aux yeux de Rose, à ce moment, un peu de tout ça à la fois. Alors que se répétait silencieusement en elle cette phrase d'espoir, « qu'ils s'en sortent tous les deux », depuis un temps qui lui sembla interminable, alors que la fatigue l'accablait et qu'elle n'osait imaginer l'état dans lequel se sentait Héloise, elle sentit enfin contre ses mains se réaliser sa prière. Une prière ronde, et tiède et humide pointa son nez dans le monde. Un petit rire s'échappa de la bouche de Rose qui ne trouva pas de meilleur moyen d'annoncer la nouvelle. L'enfant était en vie. Elle termina ce qu'il lui restait à faire, mais libérée du poids qui l'avait accablée dès son entrée dans la pièce. L'enfant fut libéré de son cordon, nettoyé suffisamment pour être présentable et présenté à la mère, dans les bras de laquelle Rose le déposa délicatement.
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:17

Heloise_marie a écrit:
Pauvre de leur cupidité,
Sont ceux qui s'échinent à garder,
L'autre pour soi...


C'est trop tôt ! C'est trop tôt ! C'est trop tôt ! Cette phrase résonnait dans le fond de sa tête alors qu'Héloise sentait les mains froides d'Elisabeth défaire les tissus qui recouvraient son corps. Elle ne distinguait pas tellement ce qui était retiré ou gardé, trop concentrée sur la douleur qui vrillait ses entrailles à nouveau et, visage crispé, finit par se retrouver en chemise, loin de ces liens qui lui enserraient la poitrine. Elle respire. Souffle. S'assoit sur le lit en souillant le matelas de sang frais. Trop de sang, il y avait beaucoup trop de sang ça n'était pas normal. Le sang de qui ? Le sien ? Celui de l'enfant ? Les deux ? Un moment, elle oscilla, assise sur le lit, prête à s'évanouir devant la quantité de liquide écarlate qui coulait le long de ses jambes, mais Elisabeth fut plus prompte que prévu et vint s'asseoir derrière elle. Comme une alcôve protectrice, Héloise s'appuya contre son amie en lui attrapant les poignets et craqua.

La douleur était passée, mais l'angoisse était là, elle. Lui bouffant le coeur, elle craque. Les larmes arrivent, étouffées entre des sanglots qui lui coupaient le souffle et l'empêchaient de respirer, parler, penser. Elle pleure comme si sa vie en dépendait et le malheur, c'était que : sa vie en dépendait. Était-il temps pour elle se partir ? Mourir ? Mourir en donnant la vie, ce n'était pas là, la porte ouverte au Paradis Solaire ? Mais elle ne voulait pas mourir. Elle ne voulait pas partir comme ça sans avoir pu le retrouver, le voir une dernière fois. Elle ne voulait pas mourir si jeune, malgré ce que certains pouvaient dire de son âge. Elle ne voulait pas mourir sans avoir goûté au mariage, au bonheur, à l'amour véritable. Elle ne voulait pas mourir sans avoir réglé ses affaires, dit aux gens qu'elle aime qu'elle les aime pour de vrai, pourri ceux qu'elle déteste. Une nouvelle contraction lui attrape le ventre, entrecoupée de sanglots, larmes, elle parvient à garder son souffle puis hurle de douleur en serrant les poignets d'Elisabeth dans sa main. Douleur vivace, douleur tenace, douleur qui ne dure pas plus de quelques secondes, mais qui, pourtant, semble durer une éternité. Puis ça passe. Des gens s'affairent autour d'elle, elle les distingue à peine dans le flou de ses larmes obstruant ses yeux. On lui presse un machin froid sur la tête. Elle rouspète -doux euphémisme, 'pensez bien-. Alors on lui presse un machin chaud.

C'est en voyant Rose qui arrive dans la chambre qu'elle panique encore plus. Si elle devait venir, c'est que c'était réellement le moment. C'est qu'il fallait vraiment y aller. C'est que le jour était venu et qu'elle ne pouvait s'y soustraire. Alors, aussi sage qu'elle pouvait l'être dans cette situation de totale faiblesse, dévoilée nue dans une simple chemise déjà trempée de sang, de sueur et de larmes, elle laisse faire les mains de Rose en avisant son visage inquiet et le regard échangé avec Elisabeth après qu'elle ait analyse la situation. Si l'odeur de la plante qu'elle utilise pour enduire son ventre -mêlée aux effluves de fromage... Attendez, de fromage ?- lui fait du bien, c'est de très courte durée.

Faible corps et esprit qui ne suit pas. Sachez-le bien, le temps passe différemment lors d'un accouchement. Les heures semblent années, les secondes semblent heures, et ici, bien qu'il n'y aura que quelques heures qui passeront dont on vous épargnera les détails dans notre grande mansuétude, sachez tout de même pour l'information globale qu'il y eut beaucoup de cris, beaucoup de larmes et beaucoup de sang. Jusqu'à ce que, heure ultime et bénie, un cri se fasse entendre. Geignement d'abord, puis hurlement ensuite. Faible d'abord, victorieux à la fin. Pas le sien non, Héloise se tait, elle est fatiguée, à bout, nerveusement, mentalement, physiquement. Elle ne voit que la minuscule -bien trop- petite chose que Rose lui met dans les bras, à peine enveloppée dans un drap fin et doux. Un garçon. Elle ne voit que ce tout petit petit petit être qui peine pour reprendre son souffle après avoir crié.

Cette innocence miniature aux yeux fermés et aux poings serrés qui semble se battre contre une douleur invisible. Cet indescriptible gonflement du palpitant qui, d'emblée, sait que sa vie, désormais, ne tournerait plus qu'autour de cette petite chose qu'elle tient dans ses bras. Les larmes de douleur se transforment en larmes de joie, d'amour, de gratitude. Le genre d'amour indescriptible qui vous fait tout oublier. Il n'y a plus qu'elle, et lui. Plus personne d'autre n'existe. Les quelques domestiques qui s'affairent. Elisabeth derrière elle. Rose tout près d'elle. Le passé, le présent, tout est en suspense alors qu'elle admire son œuvre, sa création. Cet enfant porté trop peu de temps et détesté de trop nombreuses fois. Cet enfant qui se glissait entre elle et tout ce qui se passait dans sa vie, la laissant dans une alcôve rien qu'à elle. Rien qu'à elle, il n'était rien qu'à elle. Elle l'aimait déjà d'un amour inconditionnel, incomparable et baisa le front miniature du bout des lèvres, comme si elle craignait de le briser en deux, tout en mouillant son visage de ses larmes qui ne s'arrêtaient plus de dégouliner le long de ses joues.

Mais la vie n'est jamais aussi belle... Le silence d'un coup devient assourdissant. La main parcourt le petit visage humide qui s'est soudainement tu au bout d'un doigt en quête d'une émotion quelconque, comme figé dans l'instant fugace de bonheur. Le cœur se serre, il sait, il sent, elle sait aussi, inconsciemment, qu'il y a quelque chose d'anormal... Le visage inquiet de la Sparte se tourne vers Elisabeth, toujours derrière elle qui de sa position sans doute inconfortable, vit les événements au même rythme qu'elle. Qui, de la proximité évidente,  a dû comprendre en même temps qu'Héloise le drame qui se jouait, l'épilogue, l'aboutissement de toute chose. Puis, elle regarde Rose, avec le même air : un truc du genre, apeuré, mais j'ai compris, mais quand même, j'ai besoin qu'on m'explique.


Rose ? Elisabeth...  
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:17

Élisabeth vivait, encore une fois, un énième accouchement, avec en prime une fine odeur de fromage qui aurait, en temps normal, animé son appétit avec férocité. Ce n'était pas elle qui mettait au monde la chose qui déformait le corps des femmes — pour une fois ! — mais Héloise, qui souffrait, elle l'imaginait parfaitement bien, le martyr. Les douleurs provoquées par les contractions, le manque de souffle par moment. Elle vivait absolument tout. Elle se calquait sur Héloise, même si par moment, la lucidité — disons-le, il fallait bien que l'une des deux soit claire pour affronter les choses pour deux hein — revenait mais repartait aussi vite qu'elle n'était arrivée, lui permettant d'échanger quelques regards avec Rose, lourds de sens. Elle laissa ses mains, en guise d'attribut de martyr afin de permettre son amie se défouler sur quelque chose. Cet instant, cet accouchement plutôt avait duré un moment, mais la Courden n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé, tant elle avait à cœur que tout se passe pour le mieux. Du moins l'espérait-elle au plus profond de son être. Avait-elle imaginé un miracle ? Possible. Espérait-elle que tout se finisse bien ? Naturellement ! Lors de la délivrance, le petit être — trop petit même — arriva dans les bras de sa mère. À cet instant, Élisabeth revivait elle-même ses propres accouchements, ayant le même point de vue qu'Héloise, vu qu'elle n'avait pas changé de posture depuis qu'elle s'était installée derrière la Sparte. Le cœur débordant d'affection, de joie, et de soulagement que cet instant soit fini, bouclé, elle déchanta très rapidement. Pourquoi ? La réponse était très simple : si l'enfant avait manifesté sa vitalité, celle-ci semblait être de courte durée puisque plus aucune réaction ne se fit entendre. Le cœur palpitant de vive allure, l'angoisse qui l'avait tiraillé tout le long de son voyage, mais surtout l'appréhension des derniers jours passés à se demander si un malheur n'allait pas tomber sur Héloise durant son absence. Bref, tout ceci pour dire que l'angoisse était revenu tellement vite que la joie ressentie plus tôt s'était évaporée de la même manière que l'enfant avait expié son dernier souffle. Son cœur manqua un battement. Elle était en train de revivre un événement qu'elle avait trop bien connu, quelques années auparavant …

Elle n'arrivait pas à trouver les mots pour répondre à Héloise. Elle se contenta de quitter son poste — autrement dit, elle se glissa hors du lit après avoir pris soin de maintenir le dos de la jeune femme —, elle rapprocha sa tête pour regarder l'enfant puis, sans demande préalable, elle prit l'enfant dans ses bras, cette minuscule petite crotte chose qui avait décidé de venir dans ce monde trop tôt, trop rapidement. Un regard lancé vers Rose, elle s'éloigna d'Héloise qui nécessitait autant de soin que le petit homme, passant son index sous le nez ridiculement petit de l'enfant afin de vérifier son souffle, puis sans attendre, elle tenta à plusieurs reprises d'appuyer sur la poitrine du nouveau-né pour le faire revenir à la vie. Élisabeth marmonnait des mots qui semblaient incompréhensibles, pourtant, ces derniers semblaient être des invocations à Dieu pour Le supplier d'avoir pitié : pitié pour l'enfant, pitié pour la mère, pitié pour eux tous qui souffraient à leur manière. Plusieurs minutes s'écoulèrent et à la dernière inspection, le palpitant de l'enfant ne battait plus. Définitivement. S'approchant d'un mur, Élisabeth s'appuya sur ce dernier et ne put retenir un sanglot qui fut plus violent qu'elle ne l'aurait voulu. Comment se retourner et expliquer à Héloise que son nouveau-né venait de mourir aussi vite qu'il avait vu le monde ? Comment regarder Rose qui avait été si heureuse d'aider à mettre au monde un enfant qui semblait vivant ? Comment ré-expliquer à Héloise que ce qu'elle vivait à l'instant, elle-même l'avait vécu quelques années plus tôt ? Des larmes se mélangeaient au reste du sang qui était resté sur le corps de l'enfant. Tenant toujours l'enfant contre elle, appuyée contre le mur, elle n'avait pas la force, à cet instant, de prononcer les mots exacts pour énoncer ce qu'il venait de se passer sous ses yeux.
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:18

Magie.de.knorr a écrit:
[Dans un monde parallèle]

Autant de domestiques ? Han ! Ils étaient cachés où tout ce temps ?

Fausses moustaches enfoncées dans les oreilles en guise de boules Quiès pour diminuer la force des cris...

Bah oui, c’est stressant quand même.

Le tapis en peau d’Ours était attirant, la fenêtre bien plus, il ne savait pas trop quelle attitude adopter ni ce qu’il devait ou pouvait faire. Prendre la pose du penseur et hocher la tête d’un air concentré pour donner l’illusion de la totale maîtrise ? Copier cette technique animale qui consiste à faire le mort en attendant que cela passe ? Dessiner sur les murs ? S'entrainer à la cornemuse pour calmer les nerfs des occupants de la pièce ?
Même s’il semble s’arrêter, réfléchir tout en étant inutile prend du temps. De gobe-mouche au milieu d’une pièce, il passa à pot de fleur dans un coin là-bas, observateur, dans l’attente d’être utile.
Touriste de la vie, optimiste à 1000%, le verre plus que trois fois la moitié tout plein qui déborde, notre ami est bien loin de se douter du drame se jouant dans l’autre pièce.
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:18

Heloise_marie a écrit:
Dis-moi est-ce que tu m'aimes
Est-ce que ça valait la peine
J'en doute...



Le corps entier d'Elisabeth, sa posture, l'émotion dégagée suffirent à ce qu'elle comprenne la finalité des événements. Elle qui pensait en éprouver un soulagement, fut abattue. Démolie. Écrasée par le poids d'une culpabilité qu'elle n'avait pas la force de porter. D'une tristesse qui lui broyait le coeur et la laissait sans force. Elle pleure, silencieusement, recroquevillée sur elle-même. La douleur physique n'existait plus. Et tant pis si elle se vidait de son sang. Tant pis si elle mourrait de ce que les docteurs appelaient des machins d'après-délivrance et dont elle ne connaissait pas le nom. En fait tant pis si elle mourrait, car en cet instant présent, elle n'aspirait qu'à ça : mourir. Mourir pour ne plus avoir à souffrir. Le sort s'acharnait contre elle, elle avait dû fâcher le Très Haut d'une terrible manière pour en arriver à de telles punitions.

Le visage est fermé, sombre. Si les larmes coulent sur ses joues, aucun sanglot ne vient déranger la froideur de ses yeux. Elle regarde Elisabeth qui tient l'enfant entre ses bras. Sparte maudit. Enfant du péché et du vice. Enfant de la honte et du regret. Enfant qu'elle n'a ni désiré ni aimé tout le temps qu'il grandît en elle. Enfant qui pourtant venait de réduire son âme à néant et briser son coeur en miettes. Il était parti. Il s'en était allé. Laissant un arrière-goût de déjà vu sur le bout du bout de sa langue. Elle n'arrive pas à parler, elle n'a rien à dire en vérité. Lui donner un prénom était désormais inutile. L'âme s'en était allé sans baptême, sans protection, sans amour autre qu'un unique baiser posé sur son front et quelques secondes d'émerveillement béat d'une affection qu'elle ne connaissait, jusqu'alors, pas du tout. Elle continue d'observer Elisabeth jusqu'à ce que celle-ci croise son regard. Elles se comprenaient, Elisabeth et elle. Elles s'étaient toujours comprises. Il ne fallait qu'un regard, un échange un léger hochement de tête.

Laissant la porte grande ouverte sur un jour qui se levait sans émotions, Elisabeth quitte la pièce en emportant les derniers vestiges d'un amour passé tandis qu'Héloise se replie sur elle-même en amenant ses genoux contre son ventre encore douloureux. Elle se couche dans le fond de son lit, se moquant bien des souillures et de son état. Des gens qui s'affairaient. Des bruits du dehors, des bruits du dedans. Une solitude toute autre venait de s'abattre sur elle. Une solitude nouvelle. Un deux décembre puissance mille. Une croix ferme et définitive sur la petite parcelle d'espoir qui grandissait. C'était terminé. Elle l'avait perdu.
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeMer 31 Mar - 20:18

La douleur était si vive qu’elle lui en écrasait la poitrine. Du moins, c’est ce qu’Élisabeth ressentait en cet instant. Ce moment fatidique, qu’elle n’avait aucunement souhaité à Héloise, se déroula sous ses yeux, en sa présence, devenant ainsi l’une des protagonistes de l’histoire. Élisabeth pleurait, elle aussi, sauf que certains de ses sanglots étaient plus forts dans les premiers instants, avant de parvenir à les calmer, petit à petit. Quand elle fut prête, à affronter les regards qui se poseraient sur elle dont celui d’Héloise, prête à affronter la suite, elle se retourna vers Héloise et ne la regarda qu’elle, les yeux gonflés et rougis par la crise de nerfs passée. Pas un son n’était sorti de la bouche des deux femmes, un simple regard suffisait pour qu’elles se comprennent. Et ce qui allait se passer dès cet instant, après un hochement de tête compris, elle couvrit davantage l’enfant qu’elle tenait toujours contre elle puis s’en alla de la chambre. Une boule s’installa à nouveau dans la gorge car ce qu’elle s’apprêtait à faire l’obligeait à se replonger dans de douloureux souvenirs, à réouvrir des blessures pansées qui étaient supposées être guéries mais qui finalement, venaient de réapparaître avec cet événement. Elle donna ses ordres, de manière évasive car les sanglots ne cessaient de menacer d’éclater. Le premier était qu’on lui attèle une voiture rapidement et que des gens soient prêts à partir dès maintenant. Tant pis pour la nuit. Le second ordre était qu’on envoie son fils au couvent Notre-Dame de Sion : c’était sa garantie pour revenir vers eux tous et sa raison de ne pas dérailler, sa raison de ne pas mettre un terme à sa propre histoire définitivement. Elle avait bien prévue de s’offrir une retraite, mais jamais elle n’aurait imaginé la réaliser dans cette condition. Pas encore une fois. Puis, le dernier était qu’on lui donne un panier avec des couvertures. L’étonnement général fut superbement ignoré par la jeune femme qui repartait aussi vite qu’elle était venue, attendant que le carrosse soit prêt, l’enfant dans les bras. La voiture fut très rapidement présentée, ce qui lui permit de monter dedans, aidée par un valet qui lui glissa le panier et les couvertures à ses pieds. Seule dans le carrosse, elle demanda à être reconduite en Franche-Comté, à Arbois.

Dans les premiers temps du voyage, Élisabeth n’avait touché à rien et n’avait pas bougé d’un pouce. Elle avait commencé les premiers instants du voyage en gardant l’enfant dans ses bras. Le petit être sans vie. Quelle plus terrible peine que celle de voir son enfant mourir sous ses yeux ? Être dans l’incapacité de le sauver, et être réduite à n’être que l’humaine faible et impuissante qui doit subir. Ce nourrisson n’était ni sa chair, ni son sang et pourtant, il avait réussi à lui faire exploser en mille morceaux ce cœur maternel blessé qu’elle avait réussi, pensait-elle, à panser. Elle défit le linge qu’elle avait mis sur le petit visage de l’enfant, et elle parcourut d’un doigt légèrement tremblant cette petite bouille à peine tiède et sans vie, allant de son front à son menton en passant par le nez et les petites lèvres à peine entrouvertes. Elle répéta le même geste, à plusieurs reprises, en passant par moment vers les joues et les pommettes de l’enfant. Cette tendresse morbide lui permit de ne pas voir le temps s’écouler, le voyage continuait de défiler à son rythme. La moitié du voyage réalisé, elle consentit enfin à déposer l’enfant dans le panier, laissant une couverture dans le fond puis une autre par-dessus l’enfant. Elle avait enfin accepté à sortir de ce carrosse pour se rafraîchir et se reposer dans un lit. Mais le repos ne fut que de courte durée puisqu’elle demanda à reprendre la route rapidement. Et ce que le petit convoi fit, en se dirigeant silencieusement vers Arbois. À quelques lieues de leur arrivée, la comtesse demanda à être amenée à Mesnay. Ce changement d’itinéraire n’aurait comme seul impact de rallonger à peine la route car la baronnie et la seigneurie étaient suffisamment proches pour se permettre de changer la destination finale. Arrivée à destination finale, on l’aida à descendre du carrosse, puis elle récupéra le panier qui avait terminé le voyage à ses pieds. La dernière étape de son voyage était sur le point de commencer.

Remarquant à peine les personnes qui l’entouraient, elle se rendit, non sans une certaine lenteur, dans les jardins en espérant retrouver son jardinier. Et ce fut avec un certain soulagement qu’elle le trouva à son poste, en train de préparer les plantes pour le printemps. Ce fut, non sans étonnement, qu’il exécuta la demande de la Courden : à savoir qu’on lui apporte une pelle. La dernière fois, elle n'avait pas fait la demande elle-même car Hubert s’était chargé de faire ce qui attendait la jeune femme dans les instants à venir. La pelle à la main, le panier dans l’autre, elle commença son pèlerinage. Ce n'était pas n’importe quel pèlerinage puisqu’il s’agissait de rendre hommage à ses jumeaux. Morts. L’histoire serait trop longue à raconter, mais il faut savoir, cher lecteur, que durant son très long retrait de la vie active, les premiers mois de son enfermement au couvent étaient marqués par la présence, non pas d’un mais de deux enfants : Marianne et l'un des jumeaux survivants. L’un des deux était mort-né, et avait bénéficié du même traitement que celui qu’allait recevoir l’enfant d’Héloise. L’accouchement, qui s’était mal déroulé, avait laissé des séquelles irréversibles au petit survivant, qui ne se virent que trop tard, lorsque l'enfant grandissait. Ce ne fut que deux années plus tard, alors que l’enfant affichait très clairement la lourdeur de ce que l'on appellerait aujourd’hui son handicap, qu’il mourut dans des circonstances troublantes et douteuses mais dont le couvent s'était abstenu d’éclaircir l’affaire avec les généreux dons qu’Élisabeth faisait pour que sa retraite se déroula sans qu’on ne la dérangeât.

Elle avait marché, un bon moment avant de retrouver l'arbre qui servait de relique, reconnaissable grâce aux inscriptions qu’Élisabeth avait elle-même réalisé sur le tronc. Elle posa lentement le panier, retirant le manteau qu’elle portait, retroussa les manches et commença à creuser. La dernière fois qu'elle s'était rendue là, c'était Hubert qui avait creusé le trou. Or, cette fois-ci, elle était définitivement seule. Avec un nouveau-né inanimé dans un panier. Durant un long moment, seule avec sa peine et ses vifs et douloureux souvenirs, elle creusa un trou, le visage ravagé par les larmes qui ne cessaient de couler. Du mieux qu'elle le put, afin de venir à bout de sa « quête », elle renia la fatigue qui commençait pourtant à se faire ressentir, toujours un peu plus à chaque fois qu'elle plantait la pelle dans la terre. Lorsque le trou lui sembla suffisamment profond, elle laissa la pelle tomber sur le côté, puis elle se rapprocha du panier où elle en ressortit cette petite chose qu'elle traînait à présent depuis deux jours. Le serrant une dernière fois dans ses bras, essuyant involontairement sa joue contre le linge qui entourait l’enfant, elle l’embrassa à travers le tissu et le pressa une dernière fois contre elle, avant de se résoudre à le déposer dans le trou, toujours en pleurs. L'impression de revivre ce qu'elle avait tant espéré ne plus connaître se produisait, détruisant un peu plus son cœur meurtri de douleur et de tristesse. À genoux, face à cette troisième sépulture clandestine, il fallait qu'elle se convainquit que l'enfant sans-nom serait bien accueilli parmi ses propres enfants morts pour commencer à reboucher le trou. Au fur et à mesure qu'elle versât la terre sur le corps inanimé, elle ne retenait plus les sanglots qui la menaçaient, devant s'arrêter par moment pour laisser la tristesse s’exprimer, avant de se « ressaisir » pour terminer la tâche.

Elle venait tout juste de mettre l’enfant sous terre qu’avec les quelques forces restantes, elle se rapprocha du tronc et adossée à l’arbre, elle laissa sa peine s’exprimer. Ce n’était pas son enfant, elle le savait que trop bien. Mais il n’était jamais aisé de devoir enterrer sa propre progéniture, et elle en savait quelque chose. Deux enfants, qu’elle avait tant attendu, qui avaient malheureusement décidé de ne pas survivre dans un monde qui ne serait pas le leur. Espacés, elle posa un regard troublé par les larmes à l’endroit où elle avait enterré ses propres enfants, là où la nature avait repris ses droits. Elle aurait juré que cette blessure s’était résorbée, afin de montrer qu’elle n’était pas faible. Mais les événements de ces derniers mois, de cette dernière année lui montraient que toute chose pouvait la ramener à cette douleur trop bien camouflée. Pourtant, ces deux pertes n’étaient pas les seules blessures béantes qui sommeillaient en la Courden, mais elles étaient les plus fortes, les plus vives et les plus terribles. Elle n’était jamais parvenue à exprimer ceci, cachant même ses enfants morts aux yeux du monde. Personne n’avait jamais su qu’ils avaient existé. Sauf sa filleule et Héloise … À cette pensée, Élisabeth reprit une grande bouffée d’air entrecoupée par les pleurs qu’elle calmait à peine, puis elle s’obligea à mettre de la distance entre le tronc et la sépulture de l’enfant « sans-nom ». L'idée que le petit garçon reste sans nom lui était impensable. Aucun baptême n'avait permis de lui nommer, alors elle se résolut à lui donner un nom, même si ce dernier serait officieux. Elle hésita, un long instant, car les prénoms qu’elle connaissait des Sparte ne lui disaient rien, ou du moins uniquement pour un enfant vivant et viable. Quand soudain, une certaine ironie la poussa à nommer l’enfant d’un nom qui signifiait « Dieu m’a aidé ». Il l’avait aidé oui : aidé à retourner là où était sa « réelle place », à redevenir poussière. Elle se retourna vers le tronc, sortit sa dague de son endroit habituel, puis inscrivit le nom sur l’arbre, au-dessus de celui de ses enfants. Lorsqu’elle eut fini cette dernière tâche, elle relut le prénom fraîchement inscrit, puis ceux de ses enfants, les touchant du bout des doigts. Salie et éreintée, elle se rapprocha de la pelle et s’aida de l’outil pour se relever, elle attrapa le panier et son manteau, posant un dernier regard sur les trois petites sépultures clandestines puis, au dernier arrivant, elle lâcha enfin ces quelques mots :


Repose en paix, Lazare.

Le jour suivant, Élisabeth avait repris la route, ne souhaitant pas rester plus longtemps là où de mauvais souvenirs commençaient à s’accumuler plus que les bons et merveilleux. Elle souhaitait garder à l’esprit que son fief de toujours était l’endroit le plus reposant et le plus beau avant toutes ces tragédies. Mais pour cela, il lui fallait s’en éloigner. Elle reprit la route, avec le carrosse emprunté à Héloise, s’arrêtant une nuit dans une auberge afin que tous puissent se reposer. La destination finale n’était pas Vaudémont comme tous le pensaient, — même si elle y restât quelques jours — mais bel et bien au couvent, là où son fils l’attendait. La comtesse de Salins avait pris ses dispositions, avant sa retraite, pour avertir ses proches et ceux qui devaient être mis au courant, qu’elle se retirerait du monde. Elle n’avait aucune idée du temps qu’elle resterait dans le couvent mais elle avait besoin de se ressourcer. De panser les plaies ré-ouvertes. En gardant auprès d’elle sa bouée de sauvetage qu’était à présent son fils qui lui, était bel et bien vivant.
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Héloise Marie
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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeJeu 1 Avr - 10:25

    Couvent Notre-Dame de Sion, aux abords de Vaudemont.

Citation :
À Brunehilde von Frayner, mon amie,
De Héloise Marie de Sparte von Riddermark,

Ça y est, c'est terminé. Le voile s'est enfin levé sur la misère de cette vie dont, ni toi, ni moi ne voulions. Tu as eu le courage de t'y prendre plus tôt, tu as eu la force de t'acharner sur ton corps et ton coeur au tout début, alors qu'il était encore possible de faire quelque chose, quand moi, à tes côtés, j'étais pleutre. En vérité, à présent que je t'écris, je pense que ce n'était pas un manque de courage mais plutôt un espoir. L'espoir futile et dévorant que cet être me laisserait un lien, même minuscule, avec cet amour dévorant qui me prit jusqu'à mon âme et dévora mon esprit entier. L'espoir de garder auprès de moi un morceau de lui qui ne me quitterait jamais.

Tu n'auras donc pas à lui écrire pour ma mort, Brune. Je l'ai perdu, hier soir. Je l'ai perdu et ma vie entière bascule dans l'effroi. Je ne sais plus ce que je veux, je ne sais plus où je veux aller. Je ne sais plus à quoi ou à qui me raccrocher. J'ai bien tenté ces quatre derniers mois des attaches futiles et nécessaires. J'ai bien tenté des accroches qui, un temps, me laissaient rêveuse à des avenirs meilleurs. Je te promets que j'ai tenté. Mais tout me le rappelait. Tout me ramenait, sans arrêt, à lui. A présent, c'est terminé. L'enfant est mort, Brune. J'ai eu le temps de voir son visage, j'ai eu le temps d'entendre un son, un cri, un appel à l'aide. J'ai eu le temps de baiser son front de mes lèvres et de mes larmes. J'ai eu le temps, quelques secondes, de lui accorder ce qu'une mère doit accorder à son enfant : de l'amour. Un amour immense. Un amour que je n'ai jamais eu avec Isolde. Un amour indescriptible et incomparable. Mais je l'ai perdu, Brune. Alors pour ne pas me perdre moi-même, je vais me retirer quelques jours. Pars te battre, s'il le faut, pars faire honneur à ton nom et ta famille. Pars réparer les torts que tu crois avoir commis en aimant plus que de raison.

Mais reviens moi en vie, entière, je t'en supplie. Je ne puis souffrir encore de perdre; Brune. J'ai déjà trop perdu. Nath, Alexis, l'enfant, je suis sans vie et sans force. Alors je te le demande comme une faveur, un service, une requête, mon amie, de prendre soin de toi.

Ne cherche pas à me voir. Je me retire quelques jours au couvent, le temps non pas de panser les maux de mon âme, mais bien ceux de mon corps. Je crois que mon âme est perdue à jamais. J'ai besoin de quelques jours. Seule.


    Je t'aime,
    Héloise.

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Couvent Notre Dame de Sion - Lundi vingt-neuf-mars-mille-quatre-cent-soixante-neuf.

Citation :
    De Brunehilde
    Mon Héloise,


Je suis tellement désolée que tu sois obligée d'endurer cette horrible épreuve. Tu as raison de te tourner vers le Très Haut, lui seul saura apporter un minimum d'apaisement à ton coeur meurtri.

Toutefois, si d'ici une semaine tu es toujours enfermée à te morfondre dans ce lugubre couvent, je viendrai t'en sortir moi même et resterai à tes côtés jusqu'à ce que tu ailles mieux.

Vivement que ton mandat de maire se termine que nous puissions changer d'air ! Voyager un peu te fera le plus grand bien.

En attendant pleure mon amie, et libère toi autant que possible du poids de ce terrible chagrin qui te ronge.
N'oublie pas que tu n'es pas seule, jamais. Je suis là et serai toujours là pour toi. Toujours. Et si j'accède à ta requête de te laisser seule quelque temps, c'est uniquement parce que je sais que parfois on a besoin de se retrouver seule avec soi même pour hurler sa détresse.

Reste forte mon Héloise et prend soin de toi.
Au moins tu auras pu faire tes adieux à ton enfant.

Je t'aime,

    Brune

Le 30 mars 1469.


Citation :
À Alexis de Moulineau, petite soeur,
De Héloise Marie de Sparte von Riddermark,

Tu n'étais pas là, Alexis. Mais je pense que dans le fond, tu y étais tout de même. Qu'une part de toi veillait sur moi de là haut. Tu n'étais pas là alors que tu avais promis de rester jusqu'au bout. Mais qui serais-je à juger d'une promesse alors que je n'ai même pas réussi à tenir celle de te protéger et de t'aimer comme je le devais ? J'espère que là où tu es, tu es heureuse. Que tu peux veiller sur les gens que tu aimes de toute la force de ton âme tourmentée et pure. J'espère, Alexis, que malgré les ressentiments que tu as pu avoir envers moi, tu pourras accueillir cet enfant comme il faut, là où il faut. Il ne méritait pas d'être haï. Il ne méritait pas mon mépris et toutes mes vaines tentatives à m'en débarrasser. Je crois dans le fond que c'est moi qui ne le méritait pas. C'est sans doute mieux ainsi. Je tente de m'en convaincre. Mais là, tu vois, il n'y a que cette pensée égoïste qui me traverse l'esprit : j'aurai tellement eu besoin de toi aujourd'hui.

Puisses-tu, de là haut, dans ton paradis solaire, veiller sur mon âme. Puisses-tu me pardonner. Puisses-tu être heureuse.  



    Je t'aime,
    Héloise.


Couvent Notre Dame de Sion - Lundi vingt-neuf-mars-mille-quatre-cent-soixante-neuf.

Citation :
À Archimède, Fidèle serviteur,
De Héloise Marie de Sparte von Riddermark,
Je te confie les clés de la mairie ainsi que toutes ses charges pour les quatre derniers jours du mandat. Rien à faire qu'acheter des fruits et faire ce qu'on a fait durant deux mois. Tu as géré Champagnole Saulx Arbois et Salins, ce n'est pas une petite mairie qui va t'effrayer. Réponds le moins possible aux courriers, mets des machins sur le marché et souris. Je reviens vite, j'ai besoin de quelques jours, rien de plus.

    Héloise.

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Couvent Notre Dame de Sion - Lundi vingt-neuf-mars-mille-quatre-cent-soixante-neuf.

Citation :
A Rose d'Acoma,
De Héloise Marie de Sparte von Riddermark,


Rose,

Comment te rendre grâce pour ta présence,
Alors que je brille de mon absence,
Qui dois-je remercier pour cette amitié,
Que je ne pensais plus jamais rencontrer,
Comme tu le fus pour moi cette nuit là,
Je serai moi aussi toujours là pour toi,
Tes mains où le bonheur entier reste scellé,
Ton sourire, qui heureusement reste figé,
Comme une étincelle d'espoir profond,
M'empêchant de sombrer dans les tréfonds,
Merci, Rose de la Vie, Rose de l'Amitié,
Si toute autre avait été ma Destinée,
Si ce n'est toi que j'eus croisée jadis,
Admettant mon orgueil et mon vice,
Qui sait comment j'aurai tourné,
Qui sait où je me serais égarée ?
Tu es l'ange gardien de mes peines,
L'étincelle troublante de mes je t'aime,
Une amitié comparable à l'amour
De laquelle, jamais je ne ferai le tour.

Simplement, merci, Rose.
Je t'aime.

    Héloise.

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MessageSujet: Re: [RP] Ainsi Soit-il.   [RP] Ainsi Soit-il. Icon_minitimeVen 2 Avr - 12:10

Magie.de.knorr a écrit:
[Dans un monde parallèle]

Tout le monde se pose la question : que devient Knorr dans tout ça ? Instinct ou facilité scénaristique, je ne sais pas, vous non plus, c’est bien comme ça mais toujours est-il que notre ami ouvrit ses yeux embués au moment où la triste Élisabeth traversait la pièce avec ce lourd fardeau.

Ah ah, le narrateur est un flemmard.

Oh ça va toi ! Pour la peine tu vas te réveiller en sursautant avec le petit bavou au coin des lèvres et la marque du tapis sur la joue, c’est cadeau.

NON ! Surtout pas un pied d' cochon dans mon bouillon de légumes ! Oh ? Mais...

Merci pour le jeu d’acteur. Bref, reprenons. Vue embuée mais esprit vif -ou presque-, les douleurs ressenties par Heloise ces derniers jours, les yeux rougis et gonflés de la meilleure amie qui était sortie seule les bras chargés, ces bras trop silencieux, les ordres, pas de nouvelles de Rose, il sentit que la suite n’allait pas être jolie. Sous les regards réprobateurs de la maisonnée, il colla son oreille contre la porte pour tenter d’en savoir plus, toujours pas de nouvelles de Rose et un silence bien lourd dans la pièce.

C’est bébé. C’est moche triste...

Il était clairement de trop, le plus sage serait de rentrer pour qu’elle ne se sente pas obligée d’en parler mais il hésitait tout de même à cause de sa responsabilité de pot de fleur, qu’on le demande semblait improbable car dans ces cas-là on avait plutôt tendance à se refermer sur soi au lieu de penser aux fleurs mais, au cas où, il devait être disponible et laissa ses indications à un des domestiques qu’il venait d’intercepter.

Atta atta. Déjà arrêtez de courir dans tous les sens, vous faites trop de bruits puis, regardez-moi et écoutez : moi c’est Knorr, retenez ma tête et mon nom, je dois m’absenter. Si besoin de pot de fleurs Knorr n’hésitez pas je serais vers chez moi, c’est juste derrière le bosquet des pervers là, euh … le bosquet Majeur. Merci.

L’arrière d’un carrosse au loin, de la poussière dans la gorge et après un petit coup de pied boudeur à un pauvre caillou sans défense qui traînait là, il prit la direction du bosquet, râlant contre la vie et les betteraves car il faut bien un coupable.

Crotte de poule... Escamotage, empalmage, maraboutage de mouton, à quoi bon connaître toutes ces techniques si cela reste inutile face à de telles situations ? C’tout pourri en fait la magie.

Arrivé chez lui, il porta sa chaise à bascule jusqu’au fond du jardin puis creusa un petit trou pour la suite. Que ce soit une simple connaissance, la famille ou le poisson rouge du petit voisin, dans la famille Knorr on partageait toujours les souvenirs ou un feu après une disparition. Même si babichou semblait être parti avec Elisabeth dans le carrosse, il pouvait le faire d’ici car c’est l’intention qui compte n’est-ce pas ?

Rah la poisse. Tu peux pas partir comme ça, t’as rien connu, c’pas juste... puis t’as même pas de souvenirs en plus… Atta atta.

Finalement être un petit magicien allait être utile, tandis qu’il découvrait ses préparations du jour (vive les petites poches cachées et les manches), il les lançait dans le feu pour lui créer des petites histoires.

Tiens… des noisettes pour les lancer sur Rose depuis là haut, elle ne verra rien venir la pauvre. D’habitude je fais semblant de les sortir des oreilles de ta mère mais comme ça tu verras la technique, tu pourras frimer à ton tour. Oh ? Elle était là elle ? Une fleur en tissu, hé hé, pour la déco. Rah, trop bien, ma dernière madeleine du père Caton ! Tu verras c’est bon, je t’en pique un bout parce que j’ai faim.
Wouhou ! Faut agiter les bras comme ça quand tu verras Eglantina, puis, elle fait des trucs chouettes comme ceci : une paire de pompons rouge passion. Attention en portant ça tu deviens un chaud, tu pourras faire tourner la tête des petits anges ou angelettes que tu vas rencontrer et avec ça... un dé pour pouvoir tricher et les déshabiller ! Hi hi !
Si tu as envie de botter un clodo façon Tamano, t’as cette fausse étoile de shérif et là une fausse moustache pour pouvoir revenir discrètement, profites-en pour faire des bêtises au passage car elle rousse, c’est James qui prendra à ta place. Un peu de Mirabelle Glan-Glan -la boisson des gagnants-, un oeuf pour pâques ou pour t’entrainer à marcher le dos prout-prout voire même te faire une omelette, tu fais ce que tu veux, je ne juge pas.
Et une blague ! Il te faut une blague pour bien t’intégrer, atta je te raconte ma préférée : C’est un étalon, un beau cheval quoi, il est dans un pré, il flâne tranquillou jusqu’au moment où il aperçoit une jolie jolie jument bien galbée. Comme cela ne lui arrive pas souvent, il se dit “béh je prends les devants !”. Alors il va voir la jument en bombant le poitrail, genre étalon dominant, lui sourit avec ses deux grosses dents. Puis avec son regard de tombeur, lui dit d’un ton dragueur : “Hey… on se poney ?”. C’est nul hein ? Moi j’aime bien.

Oh ! J’ai d’autres histoires sur moi là… Atta atta, je vais te lire un truc, ça devrait être dans toutes les bibliothèques !


Tout en préparant sa voix à la lecture avec des bruits trop compliqués à écrire, oui je suis un flemmard, il sortit un parchemin de sa besace -elle même sortie de nulle part, je sais, mais c’est beau la magie-.

[rp]
La genèse,
préface du tome I de la série “Étude de la Knorr attitude, l’histoire d’un succès”.

“Tout commença ce jour-là, un jour pourtant pas terrible, un jour où il fait froid, cet instant où un arc-en-ciel se posa sur la modeste roulotte d’Olivia. La chaleur ne venait pas de cette petite cheminée improvisée mais des ardeurs de ce papa inconnu, qui travaillait bien d’ailleurs au vu du résultat : l’Enfant, le seul unique, le fantastique et tout ce qui rime avec ique : Knorr.“[/rp]

Atta, t’endors pas, c’est juste l’intro, le reste c’est rigolo.

Pas de salto cette fois pour la lune, belle et rayonnante elle écoutait pour le petit tout en éclairant les pas des voyageurs nocturnes pour qui, malgré toute cette triste histoire, ce fut une belle nuit.
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